A la fin des pourparlers de Khartoum où la dernière phase est jouée à Bangui, le Président Faustin-Archange Touadéra s’est rendu dans la capitale soudanaise en vue de donner sa position claire aux parties prenantes. Dans son message, l’homme fort de Bangui a remercié les partenaires qui sont engagés dans l’appui au processus de paix dans son pays. Ce dernier a invité les chefs rebelles à respecter leur engagement, insistant qu’il ne fait qu’exécuter les vœux du peuple centrafricain. Ci-dessous publié pour vous, l’intégralité de son propos dont lepotentielcentrafricain.com a obtenu copie.
DISCOURS DE SON EXCELLENCE Pr. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, CHEF DE L’ÉTAT A L’OCCASION DE LA CÉRÉMONIE DU PARAPHE DE L’ACCORD DE PAIX ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LES GROUPES ARMES
Khartoum, 03022019
Excellence Monsieur le Président Omar El-Bechir, très cher Frère,
Excellence M. le président de la Commission de l’Union Africaine Moussa Kaki Mahamat,
Excellence monsieur le Commissaire Paix et sécurité de l’union Africaine, Ismail Chergui,
Messieurs les Ministres des pays frères ici présents,
Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations unies en RCA Parfait Onanga,
Monsieur le Représentant du Secrétaire Général de la CEEAC,
Chers compatriotes centrafricaines et centrafricains délégués à ces assises de Dialogue,
Mesdames, Messieurs
Alors que nous sommes ici réunis afin de réaliser notre rêve de paix pour notre pays, la République centrafricaine, je voudrais, à l’entame de mon propos, rendre un hommage ému à tous mes compatriotes qui, musulmans, chrétiens ou animistes, centrafricaines, centrafricains du nord comme du Sud, de l’est comme de l’ouest de notre beau et grand pays, Bê Africa ont payé de leur vie le déferlement d’une fureur haineuse qui a maculé de sang les contrées verdoyantes de notre Centrafrique en partage. Je m’incline devant la mémoire de tous les amis de notre pays qui sont allés jusqu’au sacrifice suprême en nous portant assistance.
Avec humilité, j’exprime la profonde gratitude du Peuple centrafricain à mon grand frère, Omar El- Béchir. En des moments difficiles, vous nous avez offert votre soutien et l’hospitalité de votre beau pays pour que nous nous retrouvions entre frères et sœurs. Et aujourd’hui, la solidarité africaine agissante nous offre un Accord de paix largement discuté dans ses moindres détails. Nous vous en serons éternellement reconnaissants, Excellence et très Cher Frère.
La paix du peuple centrafricain ne saurait être célébrée sans reconnaître l’apport incommensurable de mes Frères Idriss Déby Itno, Denis Sassou Nguesso, Ali Bongo Odimba, Paul Kagame, Paul Biya, Jouao Lourenzo et Obiang Nguema Basogo. De manière inlassable, Ils n’ont cessé de nous encourager à emprunter le chemin de la paix et de la réconciliation. Ce fut laborieux, nous arrivons à bon port. Un soutien reste précieux pour nous. Qu’ils reçoivent nos hommages appuyés.
Le présent Dialogue n’aurait pas pu être une réalité sans l’accompagnement déterminé de l’Union Africaine qui a pris sur elle de mobiliser les amis proches et lointains pour que chacun apporte sa pierre à cet édifice de paix. De manière solennelle et appuyée, j’exprime la gratitude de la République Centrafricaine à l’Union Africaine et spécialement au président de la commission de l’Union Africaine, Son Excellence Moussa Fakhi Mahamat, et au Commissaire Paix et Sécurité, Ambassadeur Ismaïl Chergui.
Sans la solidarité internationale massivement exprimée à notre peuple, que serait la République centrafricaine aujourd’hui ? Voilà pourquoi, c’est avec gravité que je rends hommage aux nations Unies qui, à travers la MINUSCA, ne ménagent aucun effort pour aider à contenir les nombreux périls auxquels nous continuons à faire face. Je salue la présence du Secrétaire Général Adjoint et Chef des opérations de maintien de la paix aux Nations Unies, Son Excellence Jean Pierre Lacroix, à qui je renouvelle nos remerciements.
Notre plus grande reconnaissance va à la Communauté économique des États d’Afrique Centrale( CEEAC) dont la constante disponibilité a été une précieuse aide pour la République Centrafricaine.
A vous tous, l’Union Européenne, la France, la Fédération de la Russie, les États Unis d’Amérique, la Chine, la Belgique, le Saint siège, la communauté San ’t Edigio, chers amis de la RCA, le peuple frère de Centrafrique a toujours besoin de vous. Grâce à vous, il surmonte une à une les barrières qui l’ont séparé. Grâce à vous, il veut que les passerelles de la concorde de la paix et de la justice deviennent une réalité. Puissiez-vous entendre et comprendre cet Appel qui vous parvient depuis les contrées de la Vakaga à la Lobaye et qui s’élève des hameaux de l’Ouham au Haut Mbomou. Pour que demain, il fasse encore plus beau en RCA !
En ce jour de joyeux augure, nous sommes ici rassemblés pour consacrer notre engagement à poser les fondations d’une architecture de paix qui refera de notre pays un havre de paix ! En effet, il vous souviendra que depuis ma prise de fonction le 30 mars 2016, j’ai fait de la paix, la sécurité et réconciliation, la triangulaire de la renaissance nationale. L’Accord de paix paraphé dans la belle cité de Khartoum nous ouvre les voies d’un avenir radieux que nous célébrerons ensemble à Bangui.
Dans les termes les plus fraternels et les plus profonds, je remercie tous mes compatriotes qui ont accepté de se mettre ensemble pour nous offrir ce bijou, cet Accord qui donne à tous et à chacun des raisons d’un espoir réel et d’une véritable espérance.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Chers compatriotes,
En venant à Khartoum, nous devions répondre à une question grave. Voulons-rester confinés à faire la comptabilité macabre des victimes des crises cycliques ou sommes-nous disposés à impulser une nouvelle dynamique visant à changer la société pour un avenir de paix et de concorde ?
L’Accord obtenu au prix d’âpres discussions témoigne de l’ampleur et l’importance des attentes de notre peuple. Chers compatriotes, nous n’avons pas le droit de décevoir ! Nous avons démontré collectivement que nous étions mus par la forte volonté de regagner Bangui avec un Accord consacrant notre entente mutuelle pour une véritable réconciliation, socle d’une paix juste et durable.
Aujourd’hui, le plus bel et sincère hommage que nous puissions rendre aux nôtres disparus et à toutes les victimes, la plus éclatante reconnaissance que nous saurions exprimer à ceux qui ne cessent de nous appuyer, Chers compatriotes, c’est de rentrer ensemble à Bangui pour la signature solennelle de l’accord et nous engager à le mettre en œuvre sans délais. Désormais, le Dialogue de Khartoum marque d’une bonne nouvelle, encre notre détermination à transcender nos clivages pour apporter notre contribution à notre chère Patrie !
Excellences, Mesdames, Messieurs
Chers compatriotes,
Aux premières heures du processus de l’initiative africaine, d’aucuns se demandaient si ce n’était qu’un rêve, un vœu pieux à l’image d’autres rendez-vous, certes tenus mais jamais suivis de paix. D’autres se disaient que le cap ne sera pas tenu, persuadé que nous n’y arriverions pas. C’est le lieu de rappeler qu’un rêve solitaire reste effectivement un rêve, mais rêver à plusieurs, marque le début d’une réalité. Le Dialogue de Khartoum est l’expression de ce rêve commun, partagé qui est devenu une réalité. La paix est à notre portée.
Ensemble faisons le serment que cet Accord de paix soit la traduction de notre ambition commune de nous atteler à reconstruire une République Centrafricaine qui sache nourrir, vêtir, soigner, loger et instruire ses fils et filles, le rêve que portait si dignement Barthélémy Boganda.
Donnons- nous l’obligation collective de faire cette traversée en nous délivrant des côtes de la haine, de la guerre et de la négation de l’autre diffèrent pour rejoindre, mains dans la main, unis comme un seul homme les beaux rivages de la paix, de l’espoir et de l’espérance afin de célébrer ensemble LA VIE !
Pour ma part, aujourd’hui plus qu’hier, rien ne m’enlèvera la détermination à engager mes concitoyens pour bâtir un pays sûr pour tous et pour chacun dans l’unité, le respect de la diversité et la célébration de la différence. L’heure a sonné pour ouvrir les pages d’une ère nouvelle, celle d’un peuple centrafricain définitivement réconcilié avec lui-même dans la dignité retrouvée.
Sans autre agenda que celui de la renaissance de notre chère Patrie, et avec l’aide du Très-Haut, je m’emploierai avec détermination à la mise en œuvre de l’Accord que nous avons conclu ensemble en tenant le même crayon, et soutenus en cela par les amis de notre Peuple.
Avec le sentiment du devoir accompli et conscient de l’immensité de la tâche qui nous attend, à mes compatriotes, je redis bienvenu à la maison, rentrons ensemble à Bangui pour célébrer la fraternité retrouvée et pour toujours !
Que Dieu bénisse la République centrafricaine.
Je vous remercie de votre aimable attention.