Centrafrique : Après la célébration de la journée internationale des droits de l’homme, le rouleau compresseur de la justice doit prendre son envol

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Bangui, le 13 déc. 21

Le monde a célébré le  10 décembre la Journée internationale des droits de l’homme. Celle-ci survient en un moment où les Centrafricains réclament justice pour tous car, depuis des décennies, l’impunité a caractérisé la gouvernance dans ce pays. Et comme le monde évolue et les mentalités changent, la célébration d’hier est une nouvelle ère qui commencent.

Progressivement, la recréation commence à prendre fin en République centrafricaine avec le déroulement du rouleau compresseur de la justice qui ouvre grandement ses filets dans le but de rattraper tous les criminels ayant plongé ce beau  pays dans un tourbillon de désolation. 30 leaders des groupes armés ayant commis des crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les crimes de génocide sont ainsi visés. Car, le président de la République a opté pour la lutte contre l’impunité. Et ce n’est que normal car, lorsqu’on se rend de nos jours dans certains villages de province, le constat est amer : les incendies des maisons, les massacres des paisibles populations, le viol des femmes et des jeunes filles, bref le décor de la désolation est implanté annonçant la fin d’une vie d’apaisement et développement comme le souhaitait le président fondateur Barthélémy Boganda. Que fait exactement la Cour pénale internationale qui est à moins de deux ans de la fin de son mandat ?

On se souvient que c’est face à l’écroulement du système judiciaire et de sa chaine pénale,  le gouvernement centrafricain et la Minusca en RCA ont signé le 5 et 7 août 2014 un accord relatif à la mise en œuvre des mesures temporaires d’urgence pour faire face à cette situation et de combattre l’impunité. Malgré quelques enquêtes et procès ces dernières années, de nombreux auteurs des terrifiantes violations et atteintes aux droits humains perpétrées en République centrafricaine surtout les grands leaders des groupes armés (RCA) n’ont toujours pas été déférés malgré la présence de la Cour pénale spéciale du pays (CPS).Doit-on sacrifier les victimes au détriment de la politique politicienne ? Une  franche collaboration entre cette haute juridiction et le gouvernement s’impose car, la vie est un don et il faut le protéger surtout dans notre pays qui a ratifié plusieurs accords et traités.

Or, nous savons que dans son décret de création, la Cour pénale spéciale (CPS) est un tribunal hybride qui bénéficie du soutien de l’ONU et qui a pour mission d’enquêter et de mener des poursuites judiciaires, sur une période de cinq ans renouvelable, sur les crimes de droit international et les autres graves violations des droits humains perpétrés en RCA depuis janvier 2003. Elle a été instaurée par une loi en juin 2015 et inaugurée le 22 octobre 2018. Son mandat est complémentaire de celui de la CPI et de ceux des tribunaux ordinaires de la RCA.

Depuis le déclenchement de cette crise, les groupes armés et principalement ceux issus de la coalition Séléka en majorité des sujets musulmans et des Anti-Balaka qui se disent des chrétiens ont lamentablement commis des crimes odieux. On sait tous que les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes de génocide ont été commis sur tout le territoire centrafricain laissant des grands souvenirs désolants. Mais comme chaque chose a son temps, la Cour pénale spéciale ouvre son compteur avec plus de 30 dossiers liés aux leaders des groupes armés où certains sont encore au sein du gouvernement et des institutions républicaines. Cependant, on ne doit pas seulement parler des crimes de sang mais aussi des  crimes économiques car, certaines grandes sociétés font objet de pillage par les éternels assoiffés des billets de banque.

Dans son discours à l’occasion de la cérémonie de son investiture le 30  mars 2021 à l’hémicycle de l’Assemblée National, le nouveau président réélu a  réaffirmé son engagement à continuer à œuvrer pour une justice indépendante, équitable, véritable garantie pour tous les citoyens quel que soit leur statut. Car, depuis des décennies, la République centrafricaine est plongée dans une spirale des violences meurtrières qui banalisent la dignité humaine sur tous les plans et dans toute sa diversité.

Pour mettre un terme à cette barbarie humaine, le locataire du palais de la Renaissance dans sa politique d’apaisement des cœurs a patriotiquement engagé  le gouvernement à mener une réforme profonde de la justice « afin de régler le problème de la lourdeur des procédures qui assure une impunité de fait aux auteurs des crimes de sang et des crimes économique » Cette vision est-elle partagée par les hommes en noir ?

Pour injurieuse que pourrait paraitre une telle interrogation, elle est très révélatrice avec ce qui se passe de nos jours dans ce pays avec la multiplication des groupes armés malgré un accord négocié à Khartoum et signé à Bangui le 6 février 2019. Le Centrafrique n’est pas une bouchée humaine où les ennemis de la paix peuvent commettre des crimes et vivre comme si rien n’était ou comme si on était encore à la transition politique : « Nous ne laisserons plus certains politiciens en mal de légitimité, qui privilégient leurs intérêts personnels sur l’intérêt général, s’attaquer impunément aux institutions de la République et maintenir le peuple dans des souffrances indicibles, sous divers prétextes.  Je dois rappeler que le glas de l’impunité systématique des bourreaux du Peuple centrafricain a sonné », a confirmé le chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra.

Après leurs actes répétitifs de violences inhumaines et de violations graves des droits humains : rackets, entraves à la libre circulation des biens et des personnes, taxes de différents types, impôts de capitation, incendies de sites des déplacés, arrestations arbitraires, séquestrations, tortures, exécutions sommaires ou extrajudiciaires, la conquête de nouvelles localités, les leaders des groupes armés sont désormais visés par la justice.

@JLG, 

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