Centrafrique : A quelques semaines des élections couplées, la sécurité du président reste menacée

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Bangui, le 22 octobre 20

Du moins que l’on puisse dire, la République centrafricaine est parsemée des démons qui veulent maintenir le pays dans un cycle infernal des crises militaro-politiques sanglantes. Depuis une bonne période, la capitale Bangui est en proie à une insécurité chronique qui touche progressivement, le quartier résidentiel de Boy-Rabe où les lampadaires ont été vandalisés.

Selon une source digne de foi, le quartier Boy-Rabe est victime des actes de vandalisme chronique sur les installations des lampadaires qui faisaient pourtant la fierté des populations. On ne saurait comprendre jusqu’à ce jour où le monde célèbre la Journée mondiale de l’électricité que certains démons assoiffés du pouvoir puisse s’attaquer farouchement aux installations du quartier où réside le Chef de l’Etat : « Pour nous, c’est compréhensible. Mais pour la sécurité présidentielle, c’est une véritable honte, car au moment où notre président cherche à corriger les erreurs de ses prédécesseurs, certains ne pensent qu’à lui faire du mal. Ce n’est pas bien ! Le monde nous regarde et la communauté des bailleurs peut à la longue arrêter ses financements si le président Touadéra subi un coup d’Etat et c’est là notre crainte », a affirmé une source de la localité.

Ce qui fait problème dans cette situation, c’est que pour démonter un lampadaire, il faut du moins prendre son temps. Et ce quartier qui est sécurisé avec des patrouille mixte ne devrait plus être victime de tels actes tant on sait qu’avec la garde présidentielle, la sécurité du président et des habitants de la localité devrait être une priorité du gouvernement. Aujourd’hui, le silence inquiète quand on sait que le deuxième mandat des chefs d’Etat depuis une bonne décennie est soumis à contribution par les hommes assoiffés du pouvoir. Ce n’est pas un secret de Dieu ou un secret de Polichinelle si on parle de nos jours d’insécurité à Bangui. Tous les plans sont raffinés pour mettre les bâtons sur les roues de la politique du président Touadéra qui, pourtant œuvre pour redorer l’image de ce pays : « nous ne voulons plus les anciennes recettes qui ternissent l’image de ce pays. Le Centrafrique est un Etat démocratique qui doit se construire sur la base de la paix, du vivre ensemble et de la libre circulation des personnes et des biens, véritables conditions du développement durable d’un pays. Avec le président Touadéra, le pays se met progressivement sur les rails du développement et les réalisations parlent d’elles-mêmes et du projet à long terme. Pourquoi encore parler de coup d’Etat en gestation lorsque le pays cherche à se reconstruire ? Doit-on toujours chercher à se plaire dans un éternel recommencement ? » S’interroge une source de Bangui.

Qui peut de nos jours oublier ce qui s’est passé durant la dernière crise politico-militaire avant l’avènement Touadéra ? Le contexte socio-politique et économique était toujours marqué par des crises récurrentes et paralysantes : présence massive des groupes armés sur l’ensemble du territoire, échec du processus de réconciliation et de désarmement, déplacement forcé des populations vers des sites de fortune appelés pudiquement « Ledger », avec pour corolaire une atmosphère d’angoisse et d’insécurité généralisée.

Les organisations humanitaires avaient dénombré plus de 800.000 réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur du pays, pour se retrouver dans des sites précaires et des enclaves qui subissaient, malheureusement, de fréquentes attaques des groupes armés.

Certains observateurs affirmaient, non sans raison, que plus de 80% du territoire était occupé par des groupes armés.

Sur le plan économique et de la gouvernance publique, nous avons constaté, médusés, la destruction du tissu économique, la prédation et le pillage des ressources minières et fauniques du pays, les détournements des biens publics et la prévarication, crimes qui ont d’ailleurs défrayé la chronique.

Le taux du PIB était de – 36%. Tous les indicateurs étaient au rouge.

Le règne des groupes armés qui se sont emparées du pouvoir de l’Etat a entraîné, entre autres, la fragilité et la désorganisation du pouvoir judiciaire avec comme corollaire l’impunité et le recours à la justice privée.

Sur le plan social, nous avons hérité de la dégradation de toutes les infrastructures sociales, notamment les écoles, les lycées, les établissements d’enseignement supérieur et les hôpitaux.

Aussi, les nombreuses années d’arriérés de salaires, de bourses, de pensions, de dettes intérieures et de coton ont entraîné la détérioration des termes de l’échange des fonctionnaires et paysans, condamnant ainsi le peuple centrafricain à vivre dans des conditions les plus inhumaines.

La cohésion sociale, le vivre ensemble et l’unité qui sont le socle de notre Nation ont été durement ébranlés, la crise ayant pris un relent de conflit communautaire.

L’Armée Nationale, symbole de notre souveraineté, était tombée en déconfiture et croupissait sous l’embargo décidé par le Conseil de Sécurité de l’ONU, laissant ainsi le peuple sans défense.

Le 30 mars 2016, le pays ne disposait d’aucun groupe de combat, d’aucun bataillon, d’aucune poudrière ni d’infrastructures de formation et d’encadrement de l’Armée.

Sur le plan sécuritaire, les groupes armés avaient transformé des régions entières du pays en des zones de non-droit et soumis des innocentes populations à des souffrances indicibles.

Les sièges des Cours et Tribunaux, les Brigades de Gendarmerie, des Douanes, des Eaux et Forêts, les Commissariats de Police et les bâtiments administratifs étaient tenus par des éléments des groupes armés.

Les Préfets et Sous-préfets, dépositaires de l’autorité de l’Etat ainsi que les fonctionnaires et agents de l’Etat ne pouvaient rejoindre leurs postes d’affectation. L’autorité de l’Etat était donc bafouée.

Ni le Forum de Bangui de mai 2015 ni les gouvernements successifs de Transition n’ont pu réduire la capacité de nuisance des groupes armés qui ont, en revanche, continué à étendre leurs influencer sur le territoire et constitué une enclave au cœur de la capitale, au PK5, au Camp BEAL et au PK11.

La jeunesse, fer de lance du pays, était déboussolée et avait perdu tout espoir et confiance en ses dirigeants qui n’arrivaient plus à lui offrir des perspectives meilleures et un avenir radieux. Le chômage des jeunes avait atteint son paroxysme.

@Hervé BINAH, 

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