Centrafrique : Pourquoi la Carte Nationale d’Identité ne se délivre plus ?

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Bangui, le 03 avril 20

Créée par la loi du 17 novembre 1960, la Carte Nationale d’Identité est un document très important pour les Centrafricains. Celle-ci est exigée partout,  dans toutes les banques de la place, lors des voyages à l’intérieur du pays, des rafles policières, l’inscription sur la liste électorale…

C’est depuis près de 6 ans que le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique ne délivre plus la Carte Nationale d’Identité. Car les machines ont été emportées par les pillards de la séléka en 2013.  Pour trouver une solution transitoire, le Ministère précité a institué le récépissé qui supplée ladite carte et qui renfloue les caisses de l’Etat qui ne se soucie maintenant plus de sa délivrance.

Le système de récépissé serait une forme de racket qui perdure et appauvrit les Centrafricains. Car pour avoir ce document facile à falsifier et rejeté par certains établissements bancaires de la place notamment la «Commercial Bank Centrafrique» et la «Money Gram», il faut payer la somme de 2.000 FCFA à la police qui la reverse au Trésor Public moyennant une quittance. Document difficile à obtenir à cause d’une longue et interminable queue et valable seulement pendant trois mois.

Par ailleurs, la délivrance de cette pièce à conviction est devenue un business juteux pour les policiers, car un «client» pressé est tenu de leur verser en plus 3000 FCFA pour être servi à temps. Il est à noter que ce document n’a qu’une durée de vie de trois (3) mois renouvelables.

Un Centrafricain dans le besoin  pourrait donc se faire délivrer le récépissé quatre fois par an. Faisons un petit calcul : si un million de Centrafricains se font délivrer un récépissé, l’Etat gagne du coup 2000 FCFA X 1.000 000 = 2.000 000 000 FCFA. De quoi  payer des machines de confections de ces Cartes. Que fait-on avec ces frais de récépissé depuis 6 ans ?

Un système qui a vraiment  ruiné nombre de Centrafricains qui ne savent à quel saint se vouer. Si depuis 6 ans on est incapable de produire des Cartes d’Identité qui justifient l’appartenance nationale des citoyens d’un Etat digne de ce nom, cela nous fait honte. Dans le contexte actuel où nous sommes, comment ne pas voir nous envahir les étrangers qui entrent de partout sur notre sol et qui se livrent à n’importe quelle activité : terrorisme, exploitation minière, commerce illicite etc.

Le risque c’est que, à l’absence de ce document, des personnes et des personnalités mal intentionnées peuvent se faire délivrer de faux récépissés, surtout que nous sommes à l’heure de l’électronique.    Si les autorités centrafricaines ne se soucieraient plus de ce document, c’est parce qu’elles ont beaucoup d’argent pour se faire délivrer des passeports  biométriques. Malheureusement, le bas-peuple n’a pas ce pouvoir. Alors que nous entrons dans la ligne droite des élections, est-ce dans ces conditions que les électeurs seront enrôlés  et mis en condition de participation au processus électoral ?

Au mois de juin 2019, par un Arrêté interministériel, l’Etat a confié la production des Cartes Nationales d’Identité à la société Al-Madina. Cela a provoqué un tollé au sein de la police qui aurait refusé de coopérer avec celle-ci. Ainsi, tout le pays est engagé dans une voie de garage.

Le gouvernement doit prendre ses responsabilités en faisant beaucoup de pression sur les acteurs en charge de la confection de ces cartes qui sont des documents nécessaires pour l’identification des ressortissants nationaux surtout à l’orée des élections.

@JLG, 

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