AUTOPSIE DE LA RESPONSABILITE DES POLITIQUES ET DE LA SOCIETE CIVILE DANS L’INSTABILITE NATIONALE   

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Bangui, le 22 mai 23

La société civile centrafricaine et les partis politiques d’opposition, surtout ceux du BDRC qui ne sont pas dans la logique de la paix, se sont toujours montrés très préoccupés dans toutes les crises survenues dans un passé récent dans le pays. Avec l’évolution de la situation du pays, l’on se rend compte que dans la recherche des solutions de sortie actuelle de la crise, les choses se compliquent par la faute de certaines entités qui s’accusent mutuellement.

A l’unanimité, les organisations de la société civile et les partis politiques de l’opposition regroupés au sein du BRDC (Bloc républicain pour la défense de la Constitution), ont affirmé et rendu publique, leur position face à ce qui se passe dans le pays. Refus de leur participation aux élections municipale et régionale, aucune proposition pour aider le pouvoir en place face à la complexité des défis de l’heure…

Pour tout observateur averti et soucieux des questions de gouvernance, disons que la stabilité du pays dont la sécurité et le bien-être dont dépendent la population, sont à redouter. Cela soulève de façon évidente, la question de l’union sacrée afin de favoriser la paix, de garantir la sécurité des individus et du territoire national.

Aujourd’hui, à la lumière des derniers évènements ayant mis en danger la stabilité politique de la RCA et aggravé l’insécurité dans nos ville de province voire la crise générée par la rareté du carburant occasionnant la flambée des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, la question de l’implication de tous les Centrafricains dans la gouvernance de la chose publique se pose avec acuité. Elle concerne d’une part, un environnement national marqué par un pluralisme politique qui doit être le garant de la démocratie pour lutter contre l’appauvrissement croissant de la population. D’autre part, un environnement où la domination des crises serait une réalité.

Que peuvent et doivent faire en situation de sortie de crise, nos leaders politiques?  Cette brève analyse de l’instabilité chronique de la RCA, pose de façon évidente, la problématique de l’implication de toutes les entités dans de telles situations afin que des solutions durables y soient apportées.

Cette situation nous amène à nous poser des questions à notre sens essentielles: les opposants politiques voire les leaders de la société civile ne doivent-ils pas faire de la gouvernance et de l’inclusion populaire une priorité de leur intervention ? Ne sont-ils pas tenus aujourd’hui d’apporter une réponse concertée et responsable à la stabilité politique et à la sécurité de la population ?

Répondre à ces questions, nous amène à la lumière des événements qui se produisent dans le pays. Le régime de Bangui et ses adversaires politiques se doivent d’être à l’écoute de la population et de lui apporter les réponses nécessaires aux souffrances qu’elle endure. Les partis politiques, surtout ceux qui sont dans le BRDC, devraient intégrer dans leur mode de fonctionnement, la concertation permanente avec le pouvoir en place sur les questions de gouvernance et de sécurité.

A l’heure actuelle, la RCA apparaît aux yeux du monde comme un pays en déséquilibre, un déséquilibre lié aux crises politiques et à des violences de toutes sortes. Même présenté de la sorte, le tableau paraît peu luisant et la RCA, il faut le dire, est en matière d’instabilité politique, un sujet majeur de préoccupation.

Les problèmes de sécurité sont, essentiellement, liés à une mal gouvernance et à une faiblesse des institutions politiques. C’est sur ce terreau que poussent des maux comme l’instabilité, par exemple. La fragilité de nos institutions ainsi que la culture de l’impunité et la corruption ambiante, demeurent des sujets majeurs de préoccupation et des obstacles de taille à la bonne gouvernance et à l’Etat de droit en Centrafrique. Il s’avère nécessaire par conséquent, de consolider les institutions étatiques par des réformes du système sécuritaire et de privilégier davantage, leur participation active dans la reconstruction nationale.

Pour espérer à un développement durable dans la configuration actuelle de la RCA, il faut résolument :

  • Maximiser la sécurité, car la sécurité est incontestablement un stimulus pour l’investissement, un terreau pour la croissance économique, un ferment pour la prospérité, le bien-être social et le développement durable;
  • Combattre la pauvreté, car la pauvreté conduit inexorablement à la misère, la misère à la marginalisation, la marginalisation à l’exclusion, l’exclusion à l’injustice sociale, l’injustice sociale à la violence, la violence à l’insécurité, l’insécurité à la fuite des capitaux et des cerveaux partant, au sous-développement;
  • Bâtir un nouveau pays sécurisé (extirpé de sa pauvreté criante, de ses inégalités sociales, des insolences, de la haine, du désespoir et de la destruction);
  • Promouvoir une nouvelle forme de gouvernance de la sécurité propice au développement a fortiori, au développement durable.

La gouvernance est un défi majeur en RCA. L’ampleur de ce défi incite à envisager une nouvelle forme de gouvernance du secteur de la sécurité du fait, surtout, qu’il existe une interdépendance étroite entre la sécurité et le développement. Cette nouvelle forme de gouvernance du secteur de la sécurité pourrait être la « gouvernance démocratique de la sécurité » dont le versant pratique est la « gouvernance partagée de la sécurité ».

Elle consiste notamment à:

– Intégrer la sécurité dans la gouvernance démocratique et le développement global du pays de sorte que le développement devienne une dimension fondamentale de la sécurité et la sécurité, un coût du développement. Un coût qui doit être assumé par tous les acteurs du secteur de la sécurité;

– Placer l’homme au cœur de la sécurité et le lier au développement à la sécurité.

L’amélioration des autres paramètres du développement et de la bonne gouvernance aidant, la sécurité deviendra non plus un rapport de force militaire mais, simplement le fruit du dialogue et de la concertation. L’effet de la démocratie et du respect des droits de la personne, la retombée de l’amélioration du niveau d’éducation et de vie, le corollaire de la prospérité économique et du bien-être social.

Alors, la RCA connaitra non seulement la paix, la sécurité et la stabilité mais, en plus des investissements productifs, un atout véritable de développement politique, économique, social et culturel. Voilà pourquoi investir aujourd’hui dans la sécurité en Centrafrique, c’est investir dans l’avenir et le développement durable.

@Pierre Gbokoché

 

 

 

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