« Dans aucun pays au monde, on accorde une exonération totale »! dixit Arthur Bertrand PIRI à propos de l’exonération de la MINUSCA

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Bangui, le 16 février 23

Le Ministre chargé du Développement de l’Energie Durable et des Ressources Hydrauliques, Bertrand Arthur Piri (BAP) brise le silence pour dénoncer L’exonération totale accordée à la MINUSCA qui est un manque à gagner pour le gouvernement centrafricain, moins encore une perte en ce qui concerne la fiscalité douanière. Tel est le point saillant qui a poussé le journal le Potentiel Centrafricain a accordé une interview exclusive au Ministre afin d’éclairer la lanterne du public centrafricain. Nous vous proposons l’intégralité de cette interview.

LPC : M. Bertrand Arthur Piri,bonjour !

BAP : Bonjour Monsieur Marcelin !

LPC : Comment expliquez-vous la hausse des prix de produits hydrocarbures en Centrafrique, du moment où la RCA continue de traverser des crises par-ci, par-là ? C’est quoi la vérité cachée Monsieur le Ministre ?

BAP : La vérité n’est pas cachée! La vérité est toujours là. La vérité est que depuis le mois de février, nous tous, le monde a assisté au déclanchement de la guerre entre la Fédération de Russie et l’Ukraine. Vous savez, ces deux (2) pays sont des gros producteurs de produits pétroliers. Ces deux (2) pays, ravitaillent la plupart des pays dans le monde, la plupart des pays en Afrique et en Afrique centrale. Du coup, ces deux (2) pays étant en guerre, le circuit de distribution des produits pétroliers a été bouleversé. On arrive à des raretés des produits pétroliers sur le marché international. Du coup, on commence à rêver des pénuries et à l’augmentation des prix. Vous conviendrez avec moi, que depuis le mois de mars et avril, jusqu’au mois de décembre, on a connu des moments difficiles où par moment, toutes les stations-services étaient fermées. Il n’y avait pas de produits. La raison c’est quoi ? C’est qu’il y a augmentation de ces produits sur le marché international. Malheureusement, l’Etat a continué à subventionner. Comme si le prix n’a pas augmenté sur le marché international. Face à ces situations, l’Etat n’arrivait plus à continuer à subventionner, l’Etat n’arrivait plus à collecter les droits et taxes sur la vente des produits pétroliers. Les marqueteurs vendaient à perte. Et du coup, qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut mener la réflexion. Pour rétablir la vérité des prix à la pompe. C’est ce qui a justifié le rétablissement de la vérité des prix à la pompe.

LPC : Aujourd’hui, le gouvernement centrafricain a arrêté de subventionner une partie des prix de carburant. Pourquoi opter brusquement à cette inflation de prix du carburant sans en avoir communiqué à temps là-dessus au peuple Centrafricain ?

BAP : Non ! C’est un gouvernement. Vous savez, et c’est justement ces genres de critiques que…, pas seulement vous les journalistes, certains politiciens et d’autre compatriotes. C’est un gouvernement. Si vous pensez que chaque fois qu’un gouvernement prend une décision, un gouvernement doit préalablement discuter avec la population avant de prendre la décision, la pratique administrative n’est pas comme ça. La gestion de l’Etat ne se passe pas de cette manière. Le peuple Centrafricain a porté son choix sur un homme, le président de la République. Pour gérer l’Etat, pour gérer la République centrafricaine en son nom. Le Président de la République a porté son choix sur un premier ministre, ce premier ministre a fait la proposition des membres du gouvernement que le président de la République a entériné en les nommant tous. C’est cette équipe-là qui gère les affaires de l’Etat au nom du peuple. Alors, nous avons pris cette décision après avoir, en tout cas discuté, échangé avec nos partenaires sociaux, qui sont des centrales syndicales. Je vous informe que le syndicat des transporteurs des taxis, taxis-motos, bus, routiers, le syndicat des fonctionnaires, d’autres centrales syndicales. Il y a le groupement d’investisseurs. On a mené la réflexion avec tout ça-là. Vous êtes d’accord avec moi que les responsables des centrales syndicales, les responsables des taxi-motos passent sur les ondes pour la sensibilisation. Parce que, eux avaient été sensibilisés. Donc, nous avons engagé un dialogue franc avec nos partenaires sociaux avant de prendre cette décision et tous nos partenaires sont convaincus que si nous ne rétablissons pas la vérité de prix à la pompe, l’Etat va connaitre des difficultés et c’est la population qui va connaitre véritablement des difficultés.

LPC : La crise que traverse la RCA, est aussi géostratégique et géopolitique avec le départ des éléments français. N’est-ce pas une stratégie pour la société «Total» de la France de verrouiller les robinets à l’État centrafricain, afin de provoquer le soulèvement populaire ?

BAP : Bon, nous avons pris acte de départ du contingent français qui nous a beaucoup aidés, qui nous a soulagés, qui a travaillé dans l’intérêt de notre population. C’est une décision souveraine. Nous n’avons pas à commenter cette décision. La société «Total» est toujours là. Je reçois la Directrice générale, je reçois l’équipe de «Total», ils continuent à un moment donné, ils avaient des difficultés pour importer les produits. Et maintenant, que la vérité des prix est rétablit, ils ont commencé à ravitailler leurs stations. Ils ont commencé à importer. Et donc, pour le moment la société «Total» est là. Je ne peux pas affirmer que c’est une stratégie, mais pour moi, la société «Total» est là, on travaille normalement.

LPC : Parlant de l’exonération qui est accentuée à plus de 90% vers la MINUSCA. Le gouvernement va continuer à assumer au détriment des intérêts publics que sont le renforcement de la caisse de l’Etat et la question de fiscalité ?

BAP : A dire vrai, nous déplorons cette situation. Nous déplorons vraiment cette situation, parce que dans aucun pays au monde, on accorde une exonération totale! Je vous parle, parce que je suis fiscaliste professionnel. Alors, on n’accorde pas une exonération totale. On dit, on exonère tel type d’impôt. Je prends un exemple banal. La redevance qui serve à construire des routes. Mais la MINUSCA dispose de gros véhicules, la MINUSCA circule. Si les routes ne sont pas construites. Si les routes ne sont pas réhabilitées. La MINUSCA va fonctionner comment ? Non ! Je pense qu’il y a une réflexion déjà en interne pour qu’on puisse rencontrer nos partenaires de la MINUSCA pour ouvrir un dialogue franc avec eux. Ils sont venus nous assister, mais s’ils nous assistent et qu’ils ne nous permettent pas d’avoir les moyens nécessaires pour travailler dans l’intérêt de la population, ça pose problème. La question des routes, il faut des ressources. Nous sommes d’accord, qu’il faudra leur accorder des facilités. Mais, nous sommes aussi d’accord, qu’ils doivent aussi nous aider à avoir des ressources, pour construire les routes, pour aider la population. Donc, il y a une discussion qui sera peut-être ouverte avec nos partenaires de la MINUSCA, sur ces différentes questions-là.

LPC : Que direz-vous aux marqueteurs nationaux qui se plaignent du moment où les pompes de la place à travers les quatre (4) fournisseurs internationaux qui ont repris leurs activités. Alors, que vont faire ceux qui ont déjà enclenché une discussion avec votre département ?

BAP : Mais la discussion continue. Vous savez, pour exercer cette activité, il faut avoir un agrément. Et, nous donnons aussi la possibilité aux Centrafricains de venir solliciter l’agrément, remplir les conditions et travailler ! Bon, si nos compatriotes certains, qui ont un peu de ressources ne viennent pas. Et je profite de votre micro pour inciter, pour demander à certains de nos compatriotes, le marché est libéralisé. Ces sociétés-là, juridiquement, ce sont des sociétés de droit centrafricain qui sont installées ici. Même si les actionnaires ne sont pas ici, mais il est important pour que les actionnaires centrafricains manifestent. Qu’ils viennent, qu’ils sollicitent les agréments et qu’ils rentrent dans les circuits pour pouvoir travailler dans ce circuit-là aussi. Ils laissent le marché à d’autres, ce n’est pas bon. Ils n’ont pas à se plaindre, ils doivent s’organiser, ils doivent venir vers nous, engager des discussions. Nous allons leurs présenter des conditions. Ils remplissent aussi ces conditions, ils rentrent aussi dans ces circuits d’importation et des distributions des produits pétroliers sur l’ensemble du territoire. Notre territoire est vaste. Les quelques opérateurs ne couvrent pas totalement le territoire. Donc, il y a de la place pour tout le monde. Nous demandons à nos compatriotes de se manifester et venir, et on va leurs indiquer les conditions à remplir pour être marqueteur et ils travaillent aussi comme les autres.

LPC : M. Bertrand Arthur Piri, le Journal Le Potentiel vous remercie !

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