Bangui, le 17 juillet 19
« L’exploitation de l’or par les entreprises chinoises à Bozoum n’est pas rentable pour l’Etat et préjudiciable pour la population et l’environnement », estiment les membres de la Commission d’enquête parlementaire, en conclusion d’une enquête menée sur le terrain dans les environs de cette ville du Nord de la République centrafricaine. Les entreprises chinoises concernées sont les sociétés Tian Roun, Tian Xiang, Sms Mao et Meng.
« Le désastre écologique constaté sur le terrain est de nature à justifier l’arrêt immédiat sans condition de ces exploitation », poursuivent les enquêteurs parlementaires. Cette Commission d’enquête s’est rendue à Bozoum du 6 au 10 juin 2019 pour répondre aux « multiples plaintes de la population ». Sur place, les députés ont constaté une pollution de l’eau du fleuve Ouham, dévié de son lit par les sociétés minières et, la disparition des espèces aquatiques.
Au sein des populations riveraines, « les cas d’avortement sont en augmentation depuis la pollution », affirment les députés, qui notent également la multiplication des décès dans les villages de pêcheurs et les difficultés d’accès à une eau saine de consommation. Par ailleurs, la Commission d’enquête soupçonne des irrégularités dans les comptes présentés aux autorités par les sociétés minières. Cette situation semble inacceptable au regard des coûts de production journalière, estiment les députés. C’est un ouf de soulagement pour la population à l’annonce de la décision des élus de la nation face aux désastres écologiques et la menace de la santé qui la met en danger.
Outre les dégâts causés par ces quatre entreprises chinoises à Bozoum, les chinois vivants de l’autre côté de la frontière plus précisément à Garoua-Boulaï, ont mis en place un système rudimentaire mais très efficace pour l’évacuation de l’or centrafricain qui échappe à tout contrôle. Plusieurs témoins des deux côtés de la frontière ont remarqué ces activités douteuses. Des véhicules 4X4 toutes neuves, traversent régulièrement la frontière sans ambages, allant du Cameroun vers les différents sites d’exploitation de l’or en RCA.
Souvent, ces 4×4 du type Toyota, transportent des dizaines de bouteilles de butane (gaz) de 25 kg vides, qu’ils emportent avec eux pour rentrer sur le territoire centrafricain. Par la suite, ils retraversent la frontière pour le Cameroun avec les mêmes bouteilles. Ces chinois font savoir que les bouteilles étaient remplies de gaz qu’ils ont utilisé sur les chantiers. En réalité, ces bouteilles vides étaient coupées par le bas et remplies de l’or avant d’être ressoudées à l’aide du chalumeau. C’est un moyen très efficace qui a permis l’évacuation frauduleuse de quantité d’or vers le Cameroun sans éveiller les soupçons.
Ce n’est pas étonnant que le Cameroun est devenu de nos jours, un pays exportateur d’or et de diamants dont le nombre de bureaux d’achats, ne cessent de se multiplier. La vigilance de nos élus de la nation est à encourager. Ils représentent le peuple et doivent impérativement défendre sa cause contre toute attente.
@Samuel SOUROUGBA