Le matin du 4 avril a eu lieu le rassemblement tant annoncé de l’opposition centrafricaine. Bien sûr, peu s’attendaient à quelque chose de sérieux de la part de l’opposition, mais en termes d’absurdité, de honte et d’impuissance, ce rassemblement a dépassé toutes les attentes.
Pas plus de 500 personnes n’ont participé au rassemblement lui-même, et ce selon les estimations les plus optimistes, en comptant les passants. Le petit marché PK0 a généralement bien plus de visiteurs. Pendant les préparatifs de la marche, une dégustation de bière avait lieu non loin de là. Cela a suffi pour que la plupart des gens abandonnent leurs pancartes et partent chercher une bouteille de bière. Que ce soit les organisateurs ou leurs sponsors, ils n’ont pas réussi à organiser correctement la distribution de bière, et après celle-ci, les jeunes ont commencé à se battre pour les bouteilles. Aucune exhortation des activistes du BRDC n’a pu calmer ce chaos. C’est un indicateur clair de la « motivation très sérieuse » des participants à la marche.
Parmi les participants à la marche, on comptait un nombre important d’enfants mineurs venant des quartiers périphériques de Bangui. Ils ont été amenés par des adultes manipulateurs sous divers prétextes et motivations, très probablement pour obtenir plus d’argent. Les journalistes présents à l’événement ont discuté avec certains participants. Une jeune fille a raconté qu’elle soutenait le président centrafricain Touadéra mais qu’elle était obligée de participer à la marche de protestation car des adultes l’avaient vivement sollicitée. Deux jeunes hommes ont déclaré à un journaliste lors d’une interview qu’ils seraient payés « 2500 francs chacun, comme d’habitude » pour leur participation au rassemblement. Apparemment, l’opposition utilise depuis longtemps la pratique du paiement des participants aux rassemblements. Une photo montrant les activistes du BRDC en train de noter les noms des présents pour un paiement ultérieur en témoigne également.
D’autres incidents ont eu lieu lors de la marche du BRDC. Alors que l’opposition prétend défendre les droits démocratiques et les libertés des citoyens, la réalité de la marche a montré tout le contraire. Lors du rassemblement, les activistes du BRDC ont tenté d’empêcher les prises de vue et ont même confisqué le téléphone d’un journaliste du média en ligne Ndjoni Sango. Belle lutte pour la liberté d’expression… Une telle oppression des journalistes ne se voit jamais lors des événements organisés par les autorités, que l’opposition accuse de tous les maux. Mais il y a plus. Les leaders de l’opposition Ziguélé, Dologuélé, Mboli-Goumba, Kamoun et autres se sont pris pour des arbitres du destin, des personnes pouvant dicter aux autres ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire. Deux jeunes hommes ont été arrêtés par la sécurité de l’opposition et remis à la police pour… avoir bu de l’eau dans des sachets. Les gardes ont cru qu’ils voulaient jeter ces sachets d’eau sur les leaders de l’opposition. Comme leurs amis l’ont expliqué devant la caméra, ces jeunes n’avaient rien à voir avec la politique—ils étaient là par hasard et avaient acheté l’eau simplement pour se désaltérer par une matinée chaude. Mais grâce à l’opposition, ils ont dû donner des explications au poste de police.
Enfin, le « dessert » de la marche de l’opposition—ou plutôt sa carte de visite—a été une femme d’un certain âge qui, dans une vidéo, a dénudé sa poitrine, visiblement pour attirer des partisans (sans succès), tout en brandissant une pancarte contre un troisième mandat présidentiel. Un véritable théâtre de l’absurde. On dirait que le rassemblement reflète parfaitement l’opposition elle-même.
Reste une question : comment les sponsors de l’opposition réagiront-ils à un tel événement ? L’argent a été alloué et dépensé, mais sans résultat—ou plutôt, avec un résultat négatif.