Le dialogue républicain : Un atout pour la RCA de tourner la page sombre des soubresauts militaro-politiques

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Bangui, le 18 mars 2022

Depuis un certain temps, la RCA se prépare d’organiser un dialogue républicain pour la réconciliation nationale en vue d’un retour à la stabilité dans tout le pays. A quelques jours de la tenue de ce rendez-vous, des inquiétudes demeurent quant au caractère inclusif de ce dialogue et au respect du calendrier.

Censé se tenir à la fin du mois en cours, le dialogue républicain est une chance pour la RCA de tourner la page sombre des soubresauts militaro-politiques et…Toutefois, pour certains partis d’opposition et activistes, ces inquiétudes reflètent plutôt les difficultés que rencontrerait le Comité d’organisation dans l’accomplissement de sa mission. Ils soupçonnent aussi des manœuvres politiques visant à faire échouer cet évènement.

L’inclusion des mouvements politico-militaires est devenue un élément fondamental, la violence armée faisant partie des facteurs majeurs de déstabilisation de la RCA depuis l’indépendance. Ces mouvements armés doivent s’engager à renoncer aux armes comme principal mode de contestation et de conquête du pouvoir. Il reste cependant à savoir quels groupes qui vont participer à ce dialogue respecteront leurs engagements, au prix de quel accord et avec quelle garantie.

Des inquiétudes demeurent quant à l’inclusivité du dialogue pour la réconciliation nationale et la paix.

Un arrangement d’amnistie générale, conçue déjà par certains pour rassurer les mouvements politico-militaires, semble a priori en exclure certains, comme la CPC qui a commis des violences meurtrières dans le pays. Les leaders de certains autres mouvements armés, supposés participer aux discussions de Bangui, risqueraient également de ne pas être impliqués en raison de comportements jugés séditieux par les autorités en place.

Certains partis et mouvements politiques, se plaignent eux aussi de ne pas avoir été associés au préparatif actuellement. Il en est de même de plateformes de la société civile. En prélude à ce grand dialogue, la participation de ces acteurs doit pourtant être à l’ordre du jour pour respecter le caractère inclusif du processus.

Pour les détracteurs, toutefois, cette démarche serait en réalité guidée par l’opportunisme et une volonté du pouvoir en place d’engranger des résultats dans le dossier de la réconciliation et la stabilité. Cependant, la question de la réconciliation ne doit pas être abordée avec superficialité et une vision centrée sur les mouvements politico-militaires et les opposants.

L’inclusion des mouvements politico-militaires est devenue un élément fondamental de la discussion

L’agenda de la réconciliation revêt donc un caractère plus urgent que jamais et un engagement plus fort et plus efficace du ministère en charge de cette question est attendu. Tout en favorisant la reddition de certains mouvements politico-militaires et la sincérité des opposants, le pouvoir en place doit s’imposer le devoir de réconcilier les Centrafricains dans leur ensemble et poser les jalons d’une stabilité sincère.

Cette stabilité ne peut se faire sans questionner les pratiques politiques passées et en tirer des enseignements pour tracer un chemin nouveau. Aussi le pouvoir en place semble-t-il avoir des difficultés à rompre avec l’ancienne classe politique accusée, par certains Centrafricains, d’être responsable des problèmes qui minent le pays. La prépondérance de cette vieille garde, notamment les vieilles têtes à la Présidence de la République, à la Primature, à l’Assemblée nationale, dans le gouvernement et d’autres instances, le montre bien.

Le pouvoir en place gagnerait à se démarquer de ces manœuvres politiciennes pour se placer au-dessus de la mêlée et conserver ainsi un rôle de garant et de médiateur dans un débat qui se veut franc, ouvert et équitable. Il est urgent de centrer le débat sur les questions essentielles afin de permettre un dialogue utile et une stabilité réelle.

À quelques jours du dialogue, il est plus important que jamais de centrer le débat sur ces questions essentielles pour permettre un dialogue utile et une réconciliation réelle des Centrafricains. Les partenaires accompagnant les processus dialogue et de stabilité en Centrafrique devraient s’engager davantage sur la question de l’inclusivité afin qu’aucun acteur ne reste sur la touche. L’enlisement de ce processus serait source d’instabilité politique. Par conséquent, ceux-ci devraient être mieux encadrés par un engagement plus efficace des partenaires.

@Bienvenu ANDALLA, 

 

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