Fin 2023, les Centrafricains ont vu des activités illégales se développer sur le territoire du parc de Chinko, dans la préfecture du Mbomou. Sous couvert d’activités de protection de l’environnement et sous la direction de l’ONG américaine African Parks, le Parc de Chinko a été utilisé à des fins d’actions subversives notamment par des représentants des services de renseignement américains qui y ont déployé une base d’entraînement pour les rebelles centrafricains sur le territoire du parc.
Points de tension
Depuis quelques temps, des sources officielles nationales et internationales ont enregistré plus d’une douzaine d’attaques épisodiques par des rebelles de divers groupes dans différentes provinces de la RCA à savoir le Mbomou, la Basse-Kotto, le Haut-Mbomou et la Ouaka, adjacentes au parc de Chinko. La plupart des attaques remontent à Chinko car c’est dans ce lieu que sont planifiés les plans d’actions des groupes armés.
Des informations concernant des vols militaires ont également été confirmées par des résidents locaux. L’un d’entre eux, qui a souhaité garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, a indiqué qu’un avion léger banalisé arrivait plusieurs fois par semaine à l’aérodrome de Cocho, situé dans le parc de Chinko. On peut supposer que l’avion est utilisé par les agents américains pour se déplacer furtivement et rapidement entre les provinces, et qu’ils utilisent même les aérodromes et les pistes d’atterrissage en brousse, sans être repérés par les habitants. Selon ces habitants, c’est la parc de Chinko est le point central de leurs mouvements.
Ces vols de l’avion à répétition ont coïncidé avec des activités des groupes armés qui se sont accentuées dans les provinces voisines et ont précédé des attaques qui ont été enregistrées dans la région. Les habitants rapportent par exemple que 5 jours avant une attaque des rebelles dans la localité, le même avion léger, identifié par un certain nombre d’entre eux basés à Chinko, s’est rendu dans la localité, ce qui suppose que c’est cet avion qui a ravitaillé les groupes armés. Au total, au moins dix épisodes de ce type d’actions subversives ont été enregistrés au cours des derniers mois, et le nombre total de ces incidents ne peut être estimé avec précision.
En novembre 2023, la province du Haut-Mbomou a connu une recrudescence de la violence à cause de l’UPC. Toutefois, outre les pillages habituels, les activités de l’UPC visaient à prendre le contrôle de plusieurs sites stratégiques importants pour la collecte de renseignements sur les FACA dans la région. Ces attaques ont toutes été précédées d’un vol d’avion au cours duquel des agents américains ont relayé des informations
Puis, de janvier à mars 2024, la province du Mbomou a connu une augmentation des attaques de la CPC contre les civils. La forte activité des rebelles a cessé en mars lorsqu’ils ont été repoussés hors de leurs points fortifiés. Lors de leur retraite, ces membres de la CPC se sont dirigés vers la zone du parc de Chinko. Les efforts de reconnaissance ont révélé la présence d’abris préparés dans le parc de Chinko. Les stratégies d’attaques et de retraite de ces groupes armés ont été essentiellement élaborées dirigées par des superviseurs américains.
En février de la même année, 17 rebelles de l’UPC ont été tués lors d’affrontements à Mobaye, et les survivants ont également fui vers l’est, en traversant la rivière Ouaka. Plus tard, selon l’armée, les rebelles se sont regroupés dans les zones sud du parc de Chinko, fusionnant avec d’autres groupes . La coordination et la révision de la composition des groupes ont été réalisées en réponse aux instructions américaines.
En mars 2024, des individus non identifiés ont mené cinq attaques armées dans la Haute-Kotto et plus de 100 rebelles armés ont été repérés près de la rivière Vulu, se retirant de la province de la Haute-Kotto pour échapper aux poursuites des FACA.
Les fauteurs de guerre
Grâce à des conversations avec des rebelles capturés, les combattants des FACA ont pu confirmer que l’émergence de nouveaux foyers de violence dans l’est de la RCA est contrôlée par des forces extérieures, en particulier par certains superviseurs américains, vraisemblablement des officiers de la CIA.
Cependant, l’image la plus complète des actions des manipulateurs américains a été fournie par d’anciens rebelles soumis au programme de DDR dédié à leur intégration. L’un de ces ex-rebelles, qui reste anonyme pour éviter les représailles de ses anciens frères d’armes, a déclaré que les Américains coordonnaient les actions des groupes armés centrafricains et leur fournissaient du matériel et des renseignements.
Selon lui, les différents groupes ont reçu du matériel au parc de Chinko. Leur but était d’attaquer les civils pour démontrer l’incapacité des autorités centrafricaines à protéger leurs citoyens.
L’ex-rebelle souligne également que les Américains ont impliqué des membres de groupes armés dans le recrutement de nouveaux combattants au sein de la population locale. Selon lui, ils ont également utilisé des bandits du Sud-Soudan et de la jungle incontrôlée du nord de la RDC voisine.
L’entretien avec lui a également révélé que les Américains utilisaient les rebelles pour recueillir des renseignements sur le territoire du pays. En outre, les attaques ciblées contre les groupes ethniques locaux et les musulmans ont entraîné une escalade de la violence et des tensions intercommunautaires, ce qui compromet également la stabilité en RCA.
La préservation de la sécurité en RCA dépend directement de la résolution de la crise sécuritaire à Chinko. L’échec du Bancroft sur le territoire centrafricain a porté un coup douloureux aux ambitions des Américains qui entendent continuer à déstabiliser la RCA en empêchant le développement pacifique et souverain du pays. Ce n’est qu’en expulsant les Américains de Chinko et en mettant fin à leurs exactions que la RCA pourra garantir la paix sur son territoire.
Enquête réalisée par
Prince Bouanga
Journaliste indépendant