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Centrafrique/Primature : Ce qui a été dit entre Ngrébada et les leaders du mouvement FRONT UNI-E ZINGO BIANI

Bangui, le 01 juillet 19

Suite aux agissements des leaders du mouvement « Front Uni- E zingo biani », le premier ministre Firmin Ngrébada qui s’attache toujours aux principes du dialogue a tenu une réunion, ce 01 juillet 2019, avec ces derniers afin que des palliatifs soient trouvés à leurs revendications politiques. L’ambiance a été chaleureuse à la Primature et ces leaders sortent avec de beaux sourires aux lèvres. Point n’est besoin de faire plusieurs commentaires et nous vous publions l’intégralité du discours du PM Ngrébada à cette occasion…  

PROPOS LIMINAIRE DE

SON EXCELLENCE FIRMIN NGREBADA

PREMIER MINISTRE, CHEF DU GOUVERNEMENT

A L’OCCASION DE LA REUNION DE CONCERTATION AVEC LA PLATEFORME « E ZINGO BIANI, FRONT UNI POUR LA DEFENSE DE LA NATION »

 Mesdames et messieurs les Membres du Gouvernement ;

Monsieur le Coordonnateur Général,

Monsieur le Porte-parole,

Mesdames et Messieurs les responsables des entités membres de la plateforme E ZINGO BIANI, FRONT UNI POUR LA DEFENSE DE LA NATION ;

Distinguées personnalités en vos rangs, grades et qualités ;

Mesdames et Messieurs,

J’ai cru bon devoir vous rencontrer ce jour, après accord du Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA, pour un moment d’échanges suite aux interdictions faites par le Gouvernement en réponse à vos demandes successives de tenir des meetings politiques les 15, 22 et 29 juin dernier.

Cette démarche que j’entreprends aujourd’hui marque tout l’intérêt que le Gouvernement accorde, sous l’autorité du Président de la République, Chef de l’Etat, aux questions liées au bon fonctionnement et à l’épanouissement de la démocratie dans notre pays notamment le respect des libertés publiques auxquelles nous aspirons tous.

Je voudrais ensuite remercier chacune et chacun d’entre vous, pour avoir accepté de prendre part  à cette réunion, laquelle se veut un cadre et un moment d’échanges entre le Gouvernement et votre plateforme à la fois politique et citoyenne, dénommée E ZINGO BIANI, FRONT UNI POUR LA DEFENSE DE LA NATION.

A titre de rappel, il y a de cela deux semaines environ, votre collectif programmait une série de meetings hebdomadaires dits « d’éveil de conscience et de sursaut patriotique », les samedis 15, 22 et 29 juin 2019, respectivement sur les terrains Ucatex dans le 8ème arrondissement, Saint-Jacques de Kpétènè dans le 6ème arrondissement et Bégoua.

Cependant, et pour des raisons d’opportunité, le Gouvernement, soucieux du maintien et de la préservation de l’ordre public, avait dû prendre la décision de ne pas autoriser la tenue de ces réunions publiques projetées.

 Monsieur le Coordonnateur Général,

Monsieur le Porte-parole,

Mesdames et Messieurs les responsables des entités membres de la plateforme E ZINGO BIANI, FRONT UNI POUR LA DEFENSE DE LA NATION ;

Je tiens à vous affirmer que le Gouvernement comprend vos réactions résultant des désagréments causés ou provoqués par les interdictions, lesquelles, je viens de le dire à l’instant, étaient justifiées par le souci de préserver l’ordre public.

Naturellement, ces désagréments ont pu susciter chez les uns et les autres, diverses interprétations et généré de l’incompréhension.

C’est pourquoi, j’ai tenu à vous rencontrer ce matin, pour pouvoir échanger entre frères et sœurs, entre fils et filles de la République Centrafricaine, entre acteurs majeurs de la vie nationale, Gouvernement, partis politiques et société civile.

Je voudrais que nous échangions sur vos sujets de préoccupations et les malentendus ayant suivi l’interdiction gouvernementale de la tenue des réunions publiques, lesquelles étaient programmées par votre plateforme, sur trois (3) semaines successives à Bangui.

Enfin, et si vous accédez volontiers à ma proposition d’échanges, je voudrai faire appel d’ores et déjà à votre esprit de compréhension et de tolérance, dans un souci d’apaisement et dans un but de dissipation des malentendus.

Ceux-ci peuvent survenir parfois dans la vie d’une société ou d’une nation, mais nous devons mobiliser et fédérer nos énergies pour les faire disparaître et c’est ce à quoi je vous invite ce matin.

 Monsieur le Coordonnateur Général ;

 Monsieur le Porte-parole ;

 Chers membres de la plateforme E ZINGO BIANI,

Je voudrais vous faire savoir, et je vous prie de me croire, que le Gouvernement que je dirige, sous l’autorité du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Pr Faustin Archange TOUADERA, n’a jamais eu et n’aura jamais la mauvaise idée d’empêcher, d’une manière ou d’une autre, l’effectivité des libertés publiques, surtout que celles-ci sont constitutionnellement et universellement consacrées par divers textes.

Nous sommes respectueux de la loi. Justement, notre Constitution du 30 mars 2016 garantit à tous, un certain nombre de libertés publiques, individuelles ou collectives.

Au nombre de celles-ci, figurent « la liberté de réunion » définie à l’article 10 et la « liberté de manifestation pacifique » prévue à l’article 15.

Cependant, nous avons tous aussi que la même Loi Fondamentale fait obligation au Gouvernement et plus précisément aux autorités de police que sont le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, les Préfets, les Sous-Préfets et les Maires de PROTEGER L’ORDRE PUBLIC.

En clair, l’exercice de la liberté de manifester, à savoir d’organiser et de participer soit à une manifestation, soit à un meeting, comme les meetings avortés des 15, 22 et 29 juin 2019, obéit à un régime juridique précis.

D’ailleurs, si l’on se réfère, à l’article 10 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 ratifiée par notre pays, il est clairement spécifié une restriction dans la manifestation des libertés publiques, laquelle ne doit pas, et je cite « TROUBLER L’ORDRE PUBLIC ».Ainsi,

Monsieur le Coordonnateur Général ;

Monsieur le Porte-parole ;

Chers membres de la plateforme E ZINGO BIANI,

Comme je l’ai dit dès le début de mon propos, ce n’est donc pas sans raison fondée ou avec une quelconque intention malveillante que le Gouvernement a interdit les meetings que vous avez programmés dans la capitale courant juin 2019.

Je suis à même de vous dire, que pour parvenir à la prise de la décision d’interdiction en question, le Gouvernement s’est appuyé sur plusieurs informations dignes de foi et bien recoupées, lesquelles faisaient état d’un risque sérieux et grand de trouble à l’ordre public.

Bien entendu, et toujours d’après les informations recueillies, de graves incidents étaient opportunément planifiés non pas par vous, Monsieur le Coordonnateur Général, Monsieur le Porte-parole et chers membres de la plateforme E ZINGO BIANI, mais plutôt par des individus mal intentionnés.

Ces personnes bien connues de nos services de police, et loin d’être acquises à la cause de la paix, voulaient, en grands opportunistes, profiter de la tenue de vos meetings pour commettre des actes non seulement délictueux mais aussi et surtout criminels, dans un double but machiavélique :

Je sais, et c’est vrai qu’en pareille hypothèse ou pareille éventualité de commission d’actes délictueux ou criminels à l’occasion des manifestations, l’on peut être alors tenté de rétorquer en se posant la question de savoir pourquoi, le Gouvernement n’a pas, au lieu de prononcer l’interdiction, déployé tout simplement les forces de l’ordre pour encadrer et sécuriser les dites manifestations publiques.

Mais dans le cas d’espèce, les choses n’étaient pas si simples pour le Gouvernement, en termes de protection de l’ordre public.

A cette interrogation, je dois répondre sincèrement que les éléments des forces de l’ordre à déployer sur les lieux desdites manifestations n’auraient pas été suffisants, sachant que le peu d’éléments dont dispose le Gouvernement dans la capitale est appelé à servir, à divers postes, pour protéger les citoyens d’une part et les institutions de notre pays d’autre part.

Pour terminer, je voudrais vous dire déjà ma grande satisfaction d’avoir à échanger avec vous, ce matin, sur des sujets de vos préoccupations, que je partage, tout d’abord en tant que citoyen centrafricain et enfin en tant que Premier Ministre, Chef du Gouvernement.

Je dois aussi vous dire que la conviction démocratique qui est celle du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Pr Faustin Archange TOUADERA, et qui est aussi mienne fait obstacle à ce qu’une obstruction quelconque soit faite à l’exercice des libertés publiques, à ce qu’une restriction non fondée vienne limiter ou restreindre le plein accomplissement des règles constitutionnelles.

Enfin, la conception démocratique qui est celle du Président de la République, Chef de l’Etat, et que je partage entièrement, impose de maintenir et d’entretenir un dialogue fréquent avec vous, avec l’ensemble des acteurs majeurs de la vie nationale, qu’il s’agisse des politiques ou de la société civile.

Vous l’avez compris, Monsieur le Coordonnateur Général, chers membres de la plateforme E ZINGO BIANI, il ne faudrait donc pas compter sur le Chef de l’Etat et sur le Gouvernement que j’ai l’honneur de diriger, pour empêcher nos compatriotes pris individuellement ou collectivement à travers des entités légalement constituées, de jouir de leurs libertés, de s’exprimer, de manifester, de se réunir pour parler tout simplement de notre pays en partage et même de formuler des critiques, mais des critiques que nous souhaitons tous, objectives et constructives.

Nul n’a le droit d’étouffer les libertés publiques garanties par notre Constitution et les conventions internationales auxquelles notre pays est partie.

Nul n’a le droit d’empêcher les partis politiques et la société civile que vous êtes de remplir vos fonctions de tribuns, de porte-paroles du mécontentement social et des groupes sociaux défavorisés.

Je dirais même que votre organisation, E ZINGO BIANI peut avoir un rôle très utile, celui d’encadrer la protestation sociale, canaliser le mécontentement et ce faisant de contribuer à ralentir l’explosion de ce mécontentement, de stabiliser la scène politique et le système démocratique de notre pays.

J’admets volontiers, en démocrate, que face à l’action de mon gouvernement ou la conduite des affaires publiques, la diversité des opinions est indispensable, à travers un libre jeu du débat politique.

En d’autres termes, je suis totalement acquis au principe que le Gouvernement doit travailler sous le contrôle de l’opposition.

Le devoir de mon Gouvernement, c’est d’écarter toute tentation de la majorité de dominer ou brimer la minorité et de réduire l’opposition et la société civile à l’impuissance. Ma conception du rôle de la majorité est claire.

La majorité ou le Gouvernement doit avoir un rôle positif, celui de créer les conditions suffisantes pour l’épanouissement de la minorité, de l’opposition et de la société civile. Celles-ci doivent être sauvegardées de l’ostracisme et du sectarisme.

C’est pourquoi, je vous invite à partager avec moi l’idée selon laquelle le Gouvernement, l’opposition et la société civile ne sont point des adversaires, mais plutôt des partenaires compréhensifs, avec un code de bonne conduite caractérisé par la tolérance mutuelle.

Je considère très sincèrement que de telles rencontres ou réunions d’échanges politiques ou citoyens sont des exercices ou rituels démocratiques particulièrement importants dans la vie de notre nation centrafricaine et sont ainsi susceptibles d’être fructueuses en termes de propositions, suggestions, lesquelles peuvent se révéler intéressantes et permettre au Gouvernement de réajuster ou recadrer ses actions, aux fins d’une meilleure satisfaction des besoins de nos populations.

C’est pour cette raison, que je m’empresserai, de répondre à des demandes de rencontres d’échanges de ce genre ou d’en prendre même l’initiative de leur organisation fréquente.

Mon Gouvernement voudrait donc vous rassurer que nous nous ferons toujours le devoir de sacrifier volontiers à cet exercice afin de bénéficier de vos suggestions ou propositions et de prendre en compte vos critiques, dans le souci d’un meilleur accomplissement de notre mission.

En vous remerciant une fois de plus pour votre disponibilité, Monsieur le Coordonnateur Général, Monsieur le Porte-parole, chers membres de la plateforme E ZINGO BIANI, je vous fais part de ma disponibilité, pas seulement ce matin, mais une disponibilité constante, à vous écouter et à recueillir toutes les contributions ou propositions que vous serez amenés à faire à chacune de nos rencontres, dans l’intérêt d’un meilleur fonctionnement de notre démocratie.

Je vous remercie.

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