Centrafrique : La persistance de l’insécurité dans l’arrière-pays continue d’engendrer la pénurie des denrées alimentaires

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Bangui, le 31 mai 2022

La situation sécuritaire de la République centrafricaine est tendue depuis une bonne période et précisément depuis l’invalidation de la candidature du leader du KNK François Bozizé qui, au lieu d’accueillir démocratiquement et patriotiquement cette décision judiciaire, ce dernier a préféré créer une formation des rebelles qui essaiment dans l’arrière-pays causant ainsi une pénurie alimentaire. Le cas de Nzako et Bambouti ne sont que des illustrations.

Lorsqu’on parcourt les villes de la République centrafricaine de nos jours, le constat est amer au regard de la rareté des produits alimentaires sur les marchés. Cette situation est due à la présence des hommes armés de François Bozizé  dans les villes de campagne où il y a eu des affrontements entre les FACA  et ces bandits de grand chemin mais aussi la guerre en Ukraine.

Les conséquences économiques de l’insécurité sont brutales, sous l’effet d’un double choc de l’offre (baisse de la production du fait de la mise à l’arrêt des activités agropastorales) et de la demande (baisse de la consommation du fait du déplacement des individus dans les brousses et dans les camps de fortune, de la diminution des transports et des voyages tant à l’intérieur qu’à l’extérieur qui imposent par des restrictions de circulation).

La crise économique est considérée comme inédite à la fois de par sa nature et dans son ampleur. Aujourd’hui, la cuvette de manioc principal aliment du pays qui se vendait à 1500 FCFA dans certaines provinces est maintenant vendue à 3500 FCFA. Avec cette situation, les populations centrafricaines ne parviennent plus à manger à leur faim. Pour les produits importés tels que le poisson congelé, le sucre, le lait en liquide, l’huile raffinée et les produits pharmaceutiques ne sont plus à la portée du Centrafricain moyen d’autant plus que les salaires sont stagnants et que le niveau de vie a augmenté.

Le Centrafrique traverse une sombre période de son histoire. Il suffit de sillonner les marchés de la capitale et constater que la viande boucanée a disparu. Les chasseurs ne peuvent plus aller à la chasse, les camions ne peuvent plus entrer dans la capitale centrafricaine tant les rebelles se sont transformés en coupeur  de route. Le poisson congelé n’existe plus. Les conséquences sont dramatiques. Les pleurs restent l’unique lot de consolation.

A la sortie nord du pays, l’ambiance n’est plus la même. Les comptoirs sont pratiquement vides et les prix ont largement augmenté sur certains produits. . Cette situation expose de nos jours les populations centrafricaines à une crise alimentaire sans pareil : «La CPC de François Bozizé a rendu la vie non enviable dans ce pays surtout en province. Ici, la cuvette de manioc principal aliment nutritif des Centrafricains  qui coutait jadis 1500 FCFA est de nos jours vendue à 3500 FCFA.  Le morceau de savon azur est une affaire des riches. Cette situation est devenue inquiétante depuis l’incursion des hommes de Bozizé en Centrafrique l’huile n’existe plus. Les cultivateurs ne peuvent plus vaquer librement à leurs occupations quotidiennes. La viande de bœuf est rare sur le marché avec des prix fantasmatiques. Ce qui fait que les ménages ne peuvent plus manger deux fois par jour et d’autres foyers peuvent passer toute une journée sans mettre quelque chose sous la dent », témoigne un observateur de la vie politique centrafricaine.

L’intérieur du pays qui est au point mort, et notamment dans les zones où il y a eu des affrontements entre les FACA et ces bandits sans foi ni loi,  le pire semble même sûr de succéder à un mal déjà profond : depuis une bonne période, des centaines des milliers de personnes vivent dans les conditions infernales par manque de nourriture dans un pays où la manne du sol et du sous-sol n’est plus à caution. L’Etat est un fantôme tant il n’existe plus que de nom. Il ne rend plus aucun service aux citoyens et les groupes armés sont les maîtres du pays du fait de l’embargo malgré la bonne volonté des FACA et les alliés.  Malgré la bonne volonté du gouvernement et des FACA sur le terrain, ces vaillants fils  sont confrontés à des hommes surarmés.

L’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine signé le 06 février 2019 avait pour but de mettre un terme à la guerre civile déclenchée par la coalition Séléka. Pendant que le peuple centrafricain espérait une résolution des problèmes de fond, les choses vont à contre-courant des aspirations du gouvernement  qui cherche par tous les moyens à remettre les pendules à l’heure malgré les multiples critiques. En tout, le peuple centrafricain sait que le gun ne fait pas l’unanimité et de mémoire d’homme.

Dans la politique de Barthélémy Boganda, il a fait allusion au verbe nourrir. Cependant, avec la situation politique de l’heure, les populations centrafricaines ne parviennent plus à manger à leur faim malgré une panoplie de ressources naturelles inégalables dans la sous-région. Il faut donc doubler de vigilance et débarrasser le pays des groupes armés afin de sauver les restes.

@Herman THEMONA

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