Bangui, le 20 janvier 18
La tentative de coup d’état en Guinée équatoriale continue de faire couler l’encre et alimente les conversations politiques de la sous-région de l’Afrique centrale. Le pouvoir équato-guinéen semble déterminer pour traquer les auteurs et co-auteurs de cette tentative de putsch jusqu’à leur dernier retranchement. Il sollicite à travers un point de presse une étroite collaboration judiciaire des États voisins sans oublier la métropole française au point de polluer l’ambiance qui animait jadis les rapports des chefs d’Etat. Logiquement, le président centrafricain n’est ni de près, ni de loin impliqué dans un quelconque complot car ses priorités sont ailleurs mais c’est sa proximité avec un personnage trouble, un délinquant multirécidiviste et habitué des milieux carcéraux qui jette un discrédit sur son intégrité, son honnêteté et surtout la véracité de ses arguments de défense. Par la force des choses et au nom de la profondeur de leurs amitiés, l’élu de la nation centrafricaine s’est fait embarquer dans un navire dont il ne connaît pas la destination. Visiblement, le chef de l’Etat est dans la merde telle que évoquée par le président américain lors d’une récente déclaration sur les migrants. Agacé par les agitations et tracasseries autour de cette tentative de coup d’état qui fait de l’ombre aux problèmes et priorités nationaux, le citoyen lambda qui a constaté que son président se préoccupe majoritairement d’autres problèmes que des siens s’interroge : Comment un Président de la République démocratiquement élu peut-il être ami à un délinquant multirécidiviste ? Comment comprendre qu’un repris de justice, spécialiste des milieux carcéraux puisse graviter aussi facilement et sans résistance autour d’un Président de la République ? La proximité du chef de l’Etat avec ce délinquant justifie-t-il son appartenance à un trafic en bande organisée ? Dans la négative, le Président de la République est-il seulement l’usufruitier du trafic ? Qui a nommé l’homme de la mafia Président du conseil d’administration du bureau d’affrètement routier ? En avait-il les qualités et compétences requises pour occuper ce poste tant stratégique ? L’embarras est visible et Malabo ne veut pas lâcher l’affaire…ainsi, comment faire pour se défaire d’une équation équato-guinéenne quand on sait qu’un des mercenaires centrafricain qui jouit d’un patronyme d’un proche du pouvoir organisait la sécurité du Président lors de ses différents déplacements en France ? Qui a associé ce patronyme de luxe au titre honorifique « d’ambassadrice de la paix »? Décidément le pouvoir centrafricain a un lien étroit qui en dit long avec cette famille. Pour laver l’affront, le Président de la République doit-il lâcher son protégé en le sommant de démissionner ? Doit-il le livrer à la justice ? Ce dernier lors d’une conférence de presse organisée à ses soins, a maladroitement avoué à demi mot avoir tenté en vain d’alerter ses réseaux équato-guinéen pour foirer la tentative de coup d’état. Il était en conséquence au courant du projet de putsch. Quand le président équato-guinéen affirme sur les ondes de radio France internationale que son homologue centrafricain ne contrôle pas territoire, l’opinion publique peut-il l’interpréter cela comme une excuse ? D’aucuns l’assimileront à une faiblesse synonyme d’un aveu d’impuissance et d’incompétence. Des vagues d’arrestations ont été enregistrées à Malabo, N’Djamena, Yaoundé et bientôt Paris emboîtera le pas sur demande explicite du guide équato-guinéen…mais qu’attend Bangui pour procéder à des auditions et éventuellement des arrestations ? La réticence et la nonchalance du pouvoir centrafricain confirme-t-elle la règle « nemo auditur propriam turpitudinem allegans »? Cette règle veut simplement dire que « nul ne peut évoquer sa propre turpitude ». Nous saisissons l’opportunité pour vous rappeler que le guide équato-guinéen au pouvoir depuis 1979 est un officier de l’armée, politiquement et financièrement assis. En tout état de cause et au-delà de toutes spéculations, le pouvoir centrafricain payera très chère la facture de cette mésaventure équato-guinéenne. Pour éviter à l’avenir ce genre de problème, nous proposons au gouvernement de mettre en place un code de déontologie qui doit définir les devoirs, obligations, pratiques, comportements du chef de l’Etat ainsi que les membres du gouvernement. La haute autorité chargée de la bonne gouvernance avec l’appui des groupes d’experts proposera un projet qui sera soumis à l’appréciation des parlementaires. La constitution du 30 mars 2016 étant muette sur ce sujet et n’énumère que les incompatibilités liées à l’exercice du pouvoir exécutif. Dorénavant, avant de nouer des amitiés démocratiques et non mafieuses, le président de la république doit apprécier le curriculum vitae et le casier judiciaire ou le bulletin nº 3 de l’intéressé avant de s’offrir ses services. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 19 janvier 2018
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections. Tel : 0666830062