CENTRAFRIQUE : DIALOGUE INCLUSIF ET LA LUTTE CONTRE L’IMPUNITÉ, QUELLE SOLUTION POUR UN NOUVEAU DEPART?

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Bangui, le 03 sept.-21

Depuis une bonne décennie, les observateurs de la scène politique centrafricaine ne présente ce pays qu’en terme des crises militaro-politiques à répétition et très meurtrières qui banalisent même les crimes et ouvre la porte à l’impunité cause du retard socioéconomique du pays de Boganda. Malgré ces crimes odieux commis sur les paisibles populations, les points sont divergents sur le format du prochain dialogue inter Centrafricains.

Quand il faut défendre la patrie, les Centrafricains de la nouvelle génération du régime Touadéra sont déterminés à faire valoir les acquis de la démocratie. Certains estiment qu’il faut s’asseoir encore sur une table avec les ennemis de la nation pour que la paix revienne définitivement dans le pays. C’est dans ce conteste que les Centrafricains sont divisés de nos jours dans la recherche des solutions de sortie de crise qui ne fait que retarder son économie.

Les points sont divergents car, certains estiment que la paix ne pourrait être une réalité que si  tous les Centrafricains sans exclusion se retrouvent autour d’une table pour laver le linge sale. Les adversaires de cette première catégorie prennent pour alibi le Forum National de Bangui et la Constitution du 30 mars 2016 où les Centrafricains du nord au sud et de l’est à l’ouest ont clairement exprimé leur volonté de mettre un terme à l’impunité source de plusieurs maux qui minent la stabilité du pays.

Notre mémoire commune nous fait un rappel de quelques accords de paix ou de cessez-le-feu qui, malheureusement, n’ont pas réussi à apporter les solutions escomptées aux différentes centrafricaines, souvent déclenchées pour des motifs fabriqués de toutes pièces:

1- l’Accord de Syrte en Libye entre le Gouvernement centrafricain et le Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC), sous l’égide du gouvernement libyen, du 2 février 2007 ; 2- l’Accord de cessez-le-feu et de paix de Libreville du 9 mai 2008 ; 3- l’Accord de paix global de Libreville entre le Gouvernement et les principaux groupes armés (FDPC, APRD et UFDR), du 21 juin 2008 ; 4- l’Accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et la CPJP du 12 juin 2008; 5- l’Accord de paix de Libreville entre le Gouvernement et la Seleka prévoyant la formation d’un gouvernement d’union nationale, du 11 janvier 2013 ; 6- la Déclaration de Ndjamena du 18 avril 2013 à l’issue du Sommet de la CEEAC, tenu à Ndjamena ; 7- le Pacte républicain du 7 novembre 2013, sous l’égide de Sant’ Egidio, signé à Bangui et qui visait à impliquer les forces vives de la Nation dans la défense du cadre démocratique et des droits humains ainsi que dans la promotion des valeurs de la République pour une gouvernance de paix et de progrès pour l’ensemble du pays ; 8- l’Accord de cessation des hostilités de Brazzaville entre la Seleka et les Anti Balaka du 23 juillet 2014 ; 9- l’Accord de paix de Nairobi, entre la Seleka et les Anti Balaka, non reconnu, du 8 avril 2015 ; 10- le Forum de Bangui qui a donné lieu au Pacte républicain pour la paix, la Réconciliation nationale et la reconstruction de la RCA du 4 au 11 mai 2015 ; 11- l’Accord de paix de BENGUELA, en Angola, entre l’Angola médiateur et les ex-Seleka du 15 décembre 2016 ; 12- l’Accord politique pour la paix en RCA, sous l’égide de Sant’ Egidio, du 19 juin 2017 ; 13- l’Accord de Libreville du 17 juillet 2017 qui a abouti à la mise en place de la feuille de route pour la paix et la réconciliation en RCA, appelée initiative africaine dont la mise en œuvre a abouti à l’APPR-RCA ; 14- l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation, négocié à Khartoum et signé à Bangui entre le Gouvernement et les 14 groupes armés, le 6 février 2019 ; 15- la Déclaration des Chefs d’Etat du 26 décembre 2020, à l’issue du Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEEAC réaffirmant le soutien à l’ordre constitutionnel en RCA par la tenue des élections à la date du 27 décembre 2020 ; 16- le Communiqué final du mini-Sommet des Chefs d’Etat de la CIRGL du 29 janvier 2021, consacré à la situation politique et sécuritaire en République Centrafricaine qui demandait la cessation des hostilités et le repli des rebelles à leurs positions d’origine.

L’histoire de notre pays recèle plusieurs autres initiatives de paix tels que le Séminaire National de Réflexion, le Grand Débat National, et j’en passe. En dépit de ces nombreux engagements, la crise sécuritaire persiste depuis plusieurs années, condamnant ainsi le peuple centrafricain à vivre dans la misère et la précarité. Ces nombreux accords, loin de régler la crise centrafricaine, ont plutôt été vus comme des tremplins pour accéder aux hautes fonctions de responsabilité de l’Etat ou aux pillages des ressources du pays.

Aujourd’hui, il s’agit de changer d’équation et de regarder vers la justice qui pourrait être une solution pour la résolution de cette crise qui n’est d’ailleurs pas une fatalité mais qui manque de volonté de politique. On se saurait de nos jours envisager un dialogue de plus avec les groupes armés quand on fait une analyse patriotique et humaine des derniers événements commis par la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de François Bozizé sont encore inscrits en noir et blanc sur les mémoires des Centrafricains.

Certes selon certaines thèses, l’homme est et reste un être social qui a besoin de son prochain pour son épanouissement. Cependant, cet homme qui est projeté dans la nature a des exigences qu’il faut toujours prendre en compte. Les groupes armés ont beaucoup fait de mal dans ce pays. Continuer à dialoguer avec eux, c’est nourrir un venin qui te tue à petit pas : « Les dialogues en République centrafricaine ne visent que le partage du gâteau et non résoudre les problèmes internes du pays. Le pays bat le triste record des coups d’Etat puisqu’on pense qu’à chaque fois, il faut donner la chance aux ennemis de la paix. Si de nos jours il faut dialoguer avec Bozizé ou Ali Darass, c’est dire qu’il faut demander à la CPI de libérer purement et simplement Edouard Ngaïssona et Rambo et ce ne sera que justice dans le cas contraire, tous les criminels doivent être traqués et traduits en justice pour satisfaire les attentes des victimes », a déclaré une source de la société civile.

@Bienvenu ANDALLA, 

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