CENTRAFRIQUE/7E LEGISLATURE : A QUI REVIENDRA LE PERCHOIR DE L’ASSEMBLEE NATIONALE ?

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Bangui, le 09 avril 21

Alors que l’euphorie qui a suivi la brillante réélection du Président Faustin Archange TOUADERA à la magistrature suprême de l’Etat retient l’attention du public centrafricain, une question préoccupe en ce moment les heureux élus de cette prochaine législature qui se pointe à l’horizon.

C’est un secret de polichinelle que contrairement aux députés godillots élus lors des législatives de 2015-2016, l’armature de  la présente législature laisse entrapercevoir un législatif qui fera le poids ; qui jouera pleinement son rôle de contre-pouvoir et qui ne pourra pas monnayer son vote comme ce fut le cas durant pendant la dernière législature.

En témoignent les caractères trempés de ces heureux élus tels que Joseph Bendounga, Dominique Yandocka, Thierry Kamach, Jean Sosthène DENGBE, Evariste NGAMANA, Henri-Marie Dondra etc. Autant dire que nous assisterons certainement à des débats de qualité pour le bonheur des citoyens centrafricains ; un véritable terrain de joutes oratoires.

Cependant et comme on pouvait s’y attendre c’est l’élection du premier bureau de cette Assemblée qui donnera le ton et déterminera ce que sera cette législature durant les cinq prochaines années à venir.

Naturellement il s’agit d’abord de la question de savoir qui présidera cette Assemblée pour cette nouvelle législature. Le perchoir comme on l’appelle, requiert une importance capitale dans un régime semi-présidentiel comme celui de la Centrafrique. La mauvaise expérience de cohabitation entre le Président Faustin-Archange Touadera et Karim Meckassoua avait engendré une crise institutionnelle qui a eu pour effet un dysfonctionnement terrible sur des questions de vote de lois.

Comme pour dire que le second mandat du Président TOUADERA ne serait un long fleuve tranquille si et seulement si le perchoir de l’Assemblée nationale serait dirigé par une personnalité qui aura la même vision politique que le Président de la République surtout en ces périodes où la République centrafricaine est devenue un terrain de guerre par procuration entre la France et la Russie.

Déjà les têtes d’affiche des prétendants au poste de Président de l’Assemblée nationale dégagent des personnalités de grandes carrures comme Simplice Mathieu Sarandji, chef de file du parti présidentiel le MCU et de la majorité présidentielle, Martin Ziguélé, Thierry Kamach, Emilie Beatrice Epaye, Evariste Gamana etc.

S’il est vrai que l’équation paraît facile pour le parti présidentiel qui dispose déjà d’un nombre élevé des députés, il n’en demeure pas que ça sera une formalité pour le MCU qui est miné par une dissension. Il est clair qu’au sein de la coalition des partis politiques membres de la majorité dénommée « Bé Oko », le candidat naturel pour le poste du Président de l’Assemblée Nationale n’est autre que le Premier Secrétaire Exécutif National Simplice Mathieu Sarandji. Cependant certains proches du Président TOUADERA ne voient pas d’un bon œil la candidature de son vieux ami Sarandji qui ne fait pas l’unanimité. Surtout avec la désignation discriminatoire des candidats MCU à la députation opérée par ce dernier lors des législatives qui a fait couler beaucoup d’encre au sein de la majorité présidentielle au point que certains candidats se sont vu obligés d’aller en indépendant pour gagner un siège à l’Assemblée nationale. Ajouté à cela le Groupe des Indépendants Fatistes (GIF) financés en bonne partie par le Président de la République qui n’a rien à voir avec la ligne directrice du MCU et qui sont venus gonfler le rang de la majorité présidentielle. Et pour ceux-ci, le candidat idéal pour le perchoir ne peut qu’être Thierry Kamach, Vice-Président de la plateforme « Bé Oko » . Firmin Ngrebada quand à lui, est perçu comme l’homme qui a été au front lors de l’attaque de la CPC à Bangui aux côtés du Président TOUADERA et le père géniteur de l’APPR-RCA. Et ce titre, il est bien vu comme celui doit continuer comme Premier ministre en attendant l’issue du dialogue annoncé par le Président TOUADERA.

Partant de ce postulat, la majorité part du coup fragilisé du fait de cette division en son sein. Cependant en face, l’opposition qui est sortie affaiblie de la dernière présidentielle puisque battue à plate-couture par l’actuel Président TOUADERA n’entend pas se laisser faire et mise sur le perchoir pour jouer coude-à-coude avec la majorité présidentielle. Et à la différence de la majorité présidentielle, l’opposition semble partir en ordre unique afin de contrer le pouvoir puisqu’il y va de sa survie.

Et pour cela, de leur rencontre en prélude de cette élection de la deuxième personnalité de la République, le député Ziguélé, candidat malheureux du MLPC à la présidentielle est désigné comme l’unique candidat de toute l’opposition. Et tous les leaders de l’opposition à savoir Dologuélé, Méckassoua, Tiangaye, Gonda, Kamoun, Zingas Agou etc. se sont accordés sur ce candidat qui est pour eux la seule alternative.

Selon des informations de sources concordantes, la chancellerie française s’y mêle en apportant un important soutien financier à cette opposition en vue remporter cette manche pour contrôler le pouvoir durant les cinq ans à venir.

Emilie Beatrice Epaye apparaît comme un joker qui départagerait le pouvoir et l’opposition en cas d’égalité. Tel que parti le combat s’annonce rude avec les tractations en vue. Mais le moins que l’on puisse dire est que le pouvoir court un gros risque avec cette division qui le mine surtout les potentiels candidats de la majorité présidentielle sont intransigeants sur leurs candidatures et entre Simplice et Ngrebada, personne ne veut une conciliation et les deux veulent coûte que coûte se porter tous candidats au perchoir.

Si jamais il arrive que l’opposition remporte cette manche, il est évident que le pouvoir de TOUADERA ne va se tenir sur une seule corde surtout ça sera la cohabitation. Et c’est l’opposition qui va désigner un premier ministre il y a risque pour ne rien au monde que le Président de la République finisse par être destitué pour haute trahison.  Que la majorité présidentielle prenne garde !

@Herman THEMONA, 

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