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Bangui, le 18 juin 2022

« Le monde entier traverse des moments difficiles depuis l’avènement de la pandémie à Coronavirus. L’économie mondiale a pris un sérieux coup. Il en est de même pour le secteur de la santé qui a enregistré des taux de mortalité très élevés. Face à ce fléau, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Centrafrique a appuyé le Ministère de la santé à mettre en place une stratégie dénommée « La surveillance à base communautaire », qui a permis de diminuer l’impact de la pandémie sur la santé de la population. Dr Ngoy NSENGA, Représentant de l’OMS en République Centrafricaine (RCA) livre une analyse sur cette stratégie ».

Plus de deux ans après la déclaration du premier cas de COVID-19 en République Centrafricaine, les équipes de riposte restent à pied d’œuvre pour lutter contre la pandémie. Pour gagner le combat, plusieurs stratégies et tactiques sont mises en place. Parmi celles qui ont fait leurs preuves, figure en bonne place la surveillance à base communautaire. La raison de ce succès est simple : placer les communautés au centre de notre réponse permet de renforcer l’appropriation de la lutte contre la maladie et de promouvoir la responsabilité des communautés dans la prise en charge de leur propre santé.

En RCA, l’analyse des données de la pandémie avait montré que la transmission locale était belle et bien installée, notamment à Bangui et revêt une allure communautaire. De mars à juin 2020, le nombre de cas autochtones a triplé par rapport aux cas importés.   La surveillance à base communautaire a été déterminante pour diminuer l’impact de la COVID sur la santé de la population. A ce jour, près de 1 525 670 visites ont eu lieu dans les ménages. Lors des visites, les équipes rencontrent les membres de la communauté, échangent sur divers aspects de la COVID-19 et sur d’autres sujets de santé.

Notre expérience de la surveillance communautaire en RCA a été fructueuse et elle a sauvé des vies. Sur la période du 22 août 2021 au 25 février 2022, cette approche nous a permis entre autres de réaliser 17 909 tests de diagnostic rapide de COVID-19 pour les cas suspects, et de détecter 276 cas confirmés de COVID-19 dans les communautés, dont 6 cas graves transférés dans les centres de prise en charge de la COVID-19. Par la suite, 16 cas se sont compliqués et ont été pris en charge convenablement.

D’autres victoires ont été enregistrées : le rattrapage de 331 enfants de moins de 23 mois perdus de vue de la vaccination de routine, plusieurs dizaines de femmes enceintes convaincues de se rendre dans une structure de santé pour un suivi adéquat, pour ne citer que cela. La réussite de cette approche a poussé le Gouvernement à envisager d’étendre cette stratégie aux autres maladies endémiques telles que le paludisme et le VIH. Il est important de noter que la surveillance à base communautaire ne permet pas seulement de détecter les cas de COVID-19, mais aussi d’autres maladies à potentiel épidémique, et d’alerter à temps. A long terme, cette stratégie entraîne la diminution de la mortalité due à ces maladies.

Dans la lutte contre cette pandémie, la collaboration de l’OMS avec le gouvernement a fait la différence. Nos équipes ont appuyé l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie nationale de Surveillance à Base Communautaire dont la phase pilote avait commencé en juillet 2020 et la mise en œuvre a débuté au mois de septembre 2021 dans trois arrondissements de la capitale Bangui. Elle s’est peu à peu étendue dans les 8 arrondissements de la capitale avec l’appui des partenaires.  Nous avons soutenu entre autres la coordination des activités dans les districts sanitaires, le plaidoyer auprès des leaders communautaires pour leur appropriation et leur implication, la mise à disposition des outils, les directives de mis œuvre et la réalisation de la phase pilote dans le 3ème arrondissement de Bangui. Je salue ici l’implication des maires d’arrondissement, chefs de quartiers, agents de la protection civile et relais communautaires, ainsi que la collaboration avec les partenaires tels que l’Institut Pasteur de Bangui, UNFPA et la Croix-Rouge.

Depuis la semaine du 10 janvier 2022, la tendance de la pandémie de COVID-19 est à la baisse avec à ce jour 14 421 cas confirmés (au 30 mai 2022).  Mais il est vrai que quelques défis subsistent, notamment la forte mobilité de la population dans certaines zones à cause des conflits, le problème de cartographie à certains endroits et le non-respect des directives nationales. Mon plaidoyer est d’amener toutes les parties prenantes à œuvrer pour les résoudre, tout en renforçant la participation communautaire dans les décisions de santé publique, pour améliorer la sécurité sanitaire nationale et assurer une collaboration fructueuse avec les populations que nous servons.

Dr Ngoy NSENGA

Représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en République Centrafricaine (RCA)

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