RCA : L’ALTERNANCE POLITIQUE UN VÉRITABLE PIÈGE QUI ALIMENTE TOUJOURS LES COUPS D’ETAT EN CENTRAFRIQUE

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Bangui, le 26 août 2020

Le problème politique c’est d’entrer davantage dans l’histoire. C’est d’épuiser en elle l’énergie, la force, l’envie, la volonté d’écouter et d’épouser sa propre histoire. Le problème de la République centrafricaine, c’est de cesser toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel retour, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’elle ne cesse de regretter  avec la mort brutale de son père fondateur, Barthélémy Boganda et surtout de son passé glorieux des années 60 à 70, ne viendra pas, pour les raisons qu’il n’a jamais existé. C’est cette raison qui pousse le pays à  toujours vivre  trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance, en voulant avaler la politique calquée sur le modèle européen comme des pilules qui ne cadre pas avec les réalités du pays.

Le défi de la République centrafricaine de nos jours, c’est d’apprendre à se sentir l’héritier de tout ce qu’il y a d’universel dans toutes les civilisations humaines. Ce défi qui est banalisé par certains politiques est pourtant celui de toutes les civilisations, de toutes les cultures, de tous les peuples qui veulent garder leur identité sans s’enfermer mais, en empruntant négativement le modèle européen comme une fin en soi. Or, calquer sa politique dans l’importation, sans se soucier des besoins de son pays, c’est de creuser de plus en plus sa propre tombe. Aujourd’hui, les politiciens estiment que beaucoup durer au pouvoir, c’est d’incarner la dictature sous une forme cachée. Mais, lorsqu’on regarde la genèse de la dictature, on constate que dans l’antiquité grecque, la dictature était un grade. L’exemple de César qui, ayant atteint le sommet de la torture des populations avait reçu le grade de dictateur.

Avant le mirage des cultures, beaucoup des Etats africains étaient érigés en Royaume ce qui valorisait le développement ou le rayonnement des empires comme celui de Songhaï de Gao. Pour détruire un continent riche en ressource naturelle, Il fallait donc mettre en pratique les grands mots pour sa déstabilisation à l’exemple de la démocratie à l’européenne. Nos dirigeants de l’époque  ne prenaient pas conscience des textes de cette «globalisation » des cultures. Pour mémoire, la grande Charte de l’Impérialisme qui met à genoux le continent stipule que «aucun pays du tiers-monde ne constitue un Etat souverain et indépendant » et par conséquent, il fallait trouver des pilules pour faire avaler aux Africains puisque « la raison n’a pas traversé le continent africain » comme l’a si bien énoncé Hegel.

On se souvient que durant la période où les Africains avaient conservé leur système politique, les crises, les guerres civiles et les révolutions n’étaient pas récurrentes dans le continent. La vie était élaborée autour des dialogues et le vivre ensemble. Certes, le monde évolue et les mentalités doivent changer, il ne faut pourtant pas oublier de créer des formes de gouvernement qui cadrent avec les besoins et les mentalités des nations. Car, dit-on, il n- y a pas d’étalon modèle de démocratie. Lorsque le peuple exerce sa souveraineté, c’est la démocratie.

Aujourd’hui avec l’alternance politique imposée aux Africains sans aucune connaissance de la chose politique,  on passe tout le temps durant le mandat d’un « ennemis » au pouvoir, à ne penser soit pendant cinq ans ou sept ans selon les différentes constitutions à lutter pour le remplacer,  sans se soucier de l’avenir du pays ni de son développement. En Afrique subsharerienne  depuis le vent des alternances politiques, aucun pays qui a avalé aveuglement cette pilule sans se soucier des besoins de ses populations n’a eu une bonne stabilité politique d’où les multiples crises militaro-politiques et des coups d’Etat sanglants. La question est de savoir qui a le droit et le monopole de définir le concept de dictature ou celui de  démocratie ?  Y-a-t-il un modèle unique de démocratie ? Kadhafi aux yeux du monde surtout des occidentaux était un dictateur parce qu’il avait duré au pouvoir et ne voulait plus suivre bêtement les décisions des puissances colonisatrices. Bonne appréciation. Mais n’oublions pas que ce dictateur avait créé le paradis chez lui au profit de sa population : c’est chez lui que l’étudiant avait une bourse  de 1600 Euros. Ce dictateur donnait gratuitement de l’eau potable à la population et les soins de santé de première nécessité étaient quasiment gratuits. De nos jours avec l’alternance où se trouve la Lybie après l’assassinat de ce dictateur par les donneurs des leçons ?

Au Cameroun, la longévité au pouvoir du président Paul Biya commence à faire mal aux occidentaux qui cherchent à diviser le pays avec la crise anglophone. Ce continent ne veut pas vivre l’âge d’or tant qu’elle ne se débarrasse pas des loges comme celle de l’Opus Deï dont les textes  affirment qu’ «il faut obéir comme un cadavre». Or, si ce sont des gens qui obéissent comme des cadavres pour gouverner leur pays, comment ne pas avaler jusqu’à lie le concept de démocratie européenne sans réserve ? Il faut un système qui réponde aux besoins des populations si on veut respirer l’air de paix et de la cohésion nationale. Si quelqu’un vote sans savoir ce que c’est que le vote ou qu’il vote parce que c’est un ami ou un frère en quoi l’alternance politique peut-il lui servir. N’oublions pas au passage la pertinence de la sagesse africaine qui dit que « celui qui met sa main dans le met de pistache va se la mordre le moment venu ».

Quelqu’un qui a exploité le contient pendant plusieurs siècles, qui a torturé nos parents par la colonisation, qui a déporté nos grands-parents par la traite négrière et qui continue d’exploiter nos richesses à volonté peut-il aujourd’hui venir penser nos blessures ? N’ayons pas de l’affirmer, la réponse c’est non !

Tel est le cas de nos jours en Centrafrique où l’alternance politique est la source des malheurs du peuple, un véritable opium  pour endormir les consciences des populations. Pour preuve, beaucoup parlent de la politique sans avoir une vraie connaissance de la chose. Dans un pays qui a moins de cinq millions d’habitants, le nombre des candidats à la présidentielle est souvent plus de 10. Et à la fin, les lésés ne pensent qu’au coup d’Etat. Les opposants centrafricains sont si ignorants au point où ils avalent tout ce qui vient de l’extérieur comme une vérité d’évangile. Tout ce qui se passe de nos jours dans ce pays n’est qu’une programmation de la part de nos « bienfaiteurs ». Or, le pays ne pourra décoller que s’il se prend en charge. Les guerres imposées au nom de l’alternance politique ne servent que l’intérêt de nos prédateurs. On ne peut pas aller à la pêche sans hameçon et sans file. Ce qui signifie qu’on ne peut pas aller en politique sans aucune connaissance de ce concept. Les prédateurs qui alimentent les conflits dans ce pays après chaque élection appliquent à la lettre le Titre II de la Charte de l’Impérialisme : « tout pouvoir et tout gouvernement établi par nous est légal, légitime et démocratique. Mais tout autre pouvoir ou gouvernement qui n’émane pas de nous, est illégale, illégitime et dictatorial  quel que soit sa forme et sa légitimité» ceci, les Centrafricains restent les yeux fermer sans tâcher jamais à les ouvrir. Il ne faut pas vendre le pays au nom de l’alternance politique alimentée par les occidentaux. La stabilité d’un pays nécessite aussi de faire confiance à un fils qui est au pouvoir.

En fait, il faut proclamer haut et fort que ce pays ne pourra changer l’image  de son histoire que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre des siècles durant. Pas de développement et la paix en dehors de cette rupture-là.

@Bienvenu ANDALLA, 

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