Centrafrique : Que deviennent les 10 millions de masques commandés par le président Touadéra contre le Covid-19?

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Bangui, le 15 juil. 20

Urgence signalée ! A pris le soin de préciser le Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin-Archange Touadéra qui lançait solennellement la commande de fabrication artisanale de 10 millions de masques pour assurer la protection des populations centrafricaines et ralentir, si non enrayer la propagation de la contamination au virus du covid-19. Presque un mois après cet appel, on ne sent aucun mouvement à ce sujet. Où donc en sommes-nous aujourd’hui avec la production et la distribution de ces cache-nez ?

Le lancement de la production des 10 millions de cache-nez, est une affaire offerte sur un plateau d’or par Pr Faustin-Archange Touadéra aux artisans couturiers centrafricains qui, souvent, ne cessent de se plaindre  de n’obtenir des marchés conséquents.  Très vite, se sont créés plusieurs regroupements de tailleurs qui ont répondu présents pour offrir leurs services surtout que c’est l’ONG « Londo », très appréciée sur le territoire national pour ses réalisations multiformes, qui est chargée de conduire et de mener à bon port cet important projet de par l’urgence de la crise sanitaire et l’astronomique nombre des masques à livrer en peu de temps.

 Voilà  qu’environ plus d’un mois après, même pas 1,5 million de masques ne sont livrées au point de se poser la question de savoir où en sommes-nous aujourd’hui dans la réalisation de ce projet pourtant recommandé et commandé par le Chef de l’Etat en personne ? Qui fait quoi et à quel niveau du processus de mise en œuvre de ce projet ? Et pourquoi la population n’est-elle pas informée régulièrement de son évolution comme cela se fait quotidiennement en ce qui concerne les statistiques sur la progression de la pandémie et ses dégâts dans le pays ? A-t-on  seulement conscience que si la production et la distribution des cache-nez prend du retard, la contamination au covid-19 ne perd pas du temps et galope à un rythme effrayant ?

On ne saurait que dire de ce sommeil incompréhensible dont le Centrafricain fait montre surtout qu’il s’agit d’une extrême urgence et que c’est le Chef de l’Etat lui-même qui l’a déclaré. Selon nos investigations, il se passe  d’anormales choses un peu partout sur les différents sites de regroupement des couturiers engagés pour la confection et la livraison de ces masques. Les couturiers contractuels et leurs responsables, sous l’anonymat, se plaignent de la lenteur dans la fourniture, bien qu’irrégulière, des matériaux pour le travail (tissus, doublures, élastiques, fils à coudre etc.) et accusent les dirigeants de l’ONG Londo qui traînent les pas selon eux.

A leur tour, les responsables de Londo brandissent l’argument du retard dans le versement des fonds alloués à ce projet par les responsables en charge du côté de l’Etat, qui ne sont jamais à jour dans le traitement des dossiers de la sous-traitance, ce qui joue énormément dans l’avancement normal du travail. Conséquences de cette léthargie, des travaux sporadiquement aux arrêts par manque de matériaux, des cas de découragement de certains couturiers dont beaucoup ont abandonné pour non-paiement de leurs loyers de contrat prévus toutes les deux semaines selon les clauses du contrat.

Ce qui est drôle et vraiment très dommage, est le sabotage du travail avec la confection de masques qui ne répondent à aucune norme sanitaire tels que des masques ayant pour doublure des morceaux de papier hygiénique ou de mouchoir à jeter à la place de tissus légers ou de la vésiline, un fait décrié par des observateurs ayant visité un site à Boyrabe.

Où sommes-nous finalement peut-on se demander à juste raison. A quoi jouent ces mécréants citoyens qui s’amusent à ne pas se mettre correctement dans les rangs lorsqu’il s’agit d’une situation d’une délicate urgence ? Quels intérêts cherche-t-on à vouloir absolument voir être sabordé ce projet alors qu’il s’agit d’une sérieuse et grave question de santé publique ? Va-t-on aller croire ce qu’a dit un citoyen lambda que « cet élan de sabotage du travail de la  confection des masques est le fait d’opposants politiques qui, par tous les moyens, trouvent l’occasion de faire barrière aux projets du pouvoir en place » ? Si cela s’avère être vrai, quelles ridicules postures, de la  part des hommes qui aspirent gérer la chose publique et qui trouvent comme moyens d’y accéder l’hypothèque de la vie de tout un peuple. La pandémie du coronavirus est une épreuve dont tout le monde, sans distinction d’une appartenance quelconque, devrait se mobiliser pour combattre, opposants et majorité politiques y compris.

En tout cas, c’est seulement en Centrafrique qu’on peut observer des pareils comportements. Un Président de la République donne des instructions officielles et la mise en œuvre de ces instructions souffre quelque part, parce que…, parce que… Ho la-la ! Quel monde à l’envers  qui fait aujourd’hui penser cyniquement à l’Empereur Jean-Bedel Bokassa qui, dans pareille situation, ne saurait tarder à trouver la solution qui s’impose et à l’appliquer sur le champ.

« Trop bon, trop con », dit un adage. Mais attention, « les urines d’un homme ne coulent pas souvent sur les orteils de ses pieds », dit un autre adage. Allez-y comprendre quelque chose car, le lendemain est toujours fait de choses que l’homme ne saurait maîtriser au préalable. A bon entendeur, salut.

 

@Herman THEMONA

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