Centrafrique : Point de presse relatif à la déclaration de Michel Djotodia et du porte-parole des Anti-Balaka

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Bangui, le 12 sept. 20

Prenant la parole de circonstance, le président du Collectif des Centrafricains pour la Réconciliation M. Sébastien Wénézoui, a exprimé sa grande satisfaction pour l’intérêt que portent les hommes des médias en ces moments très cruciaux où le pays veut tourner la page des sombres événements des dernières crises militaro-politiques.

Présentant le résumé de l’histoire de la République centrafricaine, Il a relevé que, lors de la création à la moitié de l’année 2012, la coalition Séléka hétéroclite de rebelles regroupés sous le nom de SELEKA, était composée en grande majorité des originaires du Nord-Est du pays et d’éléments armés musulmans de l’UFDR, de CPSK, de l’UFR, de l’A2R, de CPJP et du FDPC.

Ce consortium très hétérogène fut rejoint par des mercenaires tchadiens et soudanais du Darfour, des braconniers ainsi que des coupeurs de route (zaraguina) et financé notamment par des commerçants de diamants et or, mécontents du régime du général François Bozizé, après l’opération « fermeture des bureaux d’achats » en 2008.

La prise du pouvoir le 24 mars 2013 de Michel Djotodia, porté par cette coalition hétéroclite de rebelles, va accélérer la désagrégation de Centrafrique. Les éléments de la Séléka se livrent à des pillages y compris des églises, exécutions sommaires, arrestations et détentions arbitraires, tortures, viols, recrutement d’enfants soldats et toutes sortes d’exactions contre les civils attisant le ressentiment de la population civile à leur égard. La Mission de Consolidation de la Paix de la Communauté Economique  des Etats de l’Afrique Centrale en Centrafrique (MICOPAX) présente en Centrafrique depuis 2008, n’était plus en mesure de faire face à la dégradation de la situation sécuritaire du pays. Rapidement, les 16 préfectures du pays étaient occupées par les éléments de la Séléka qui régnaient en maîtres et seigneurs de guerre, laissant sur leurs passages des atrocités horribles et crimes odieux, bref des destructions massives des biens et des personnes.

Le pays était à la merci des agresseurs étrangers. L’homme était devenu un animal englouti dans les enclos dont on disposait de lui de toute sorte de traitement cruel. L’armée n’existait plus, elle était partie se fondre dans la population par peur de représailles. Les souffrances infligées aux Centrafricains étaient insupportables si bien que la seule chose qui leur restait à faire, était de se transformer en auto-défense contre les agressions quotidiennes des Séléka, d’où la création et l’avènement du mouvement Anti-Balaka qui n’était qu’une réponse spontanée aux exactions de la Séléka. Dès lors, le climat d’insécurité s’est généralisé par le conflit entre Séléka et Anti-Balaka  à tel point qu’il y avait des aspects confessionnels fragrants, se traduisaient, par certaines opinions, en des problématiques ethno-religieuses, au terme d’un conflit armé entre la communauté chrétienne et musulmane.

L’intervention de toutes ces forces d’interposition avait permis au gouvernement de transition d’organiser les élections de 2016, remportées par le Pr. Faustin Archange Touadéra, élu président de la République avec suffrage valablement exprimé.

Nul n’est sans ignorer que le régime du Pr. Faustin Archange Touadéra, avait hérité, après les élections de 2016, une crise militaro-politique sans précédente qui constitue un défi majeur à relever. Pour ce faire, des efforts considérables ont été faits par son gouvernement pour améliorer la situation sécuritaire dans les circonscriptions de Bimbo, et les sept (07) arrondissements de Bangui à l’exception du 3e arrondissement, zone à forte concentration des violences inter communautaires.

Mais hélas, le régime actuel s’est confronté à un sérieux problème d’insécurité grandissante à l’intérieur du pays, lié surtout à la présence des ex-combattants de la Séléka qui ont pu échapper aux opérations du DDR et qui se sont dirigés vers le nord et le nord-est du pays, notamment à Kaga-Bandoro, Ndélé, Bambari et Bangassou, avec armes et munitions,  après la démission de leur chef Michel Djotodia, le 10 janvier 2014 lors d’un sommet extraordinaire de la CEEAC convoqué à Ndjamena.

Annonçant leur volonté d’établir une démarcation entre les régions musulmanes et chrétiennes, laissant augurer des velléités sécessionnistes, les ex-combattants de la Séléka commettent depuis toujours aujourd’hui, de nombreuses exactions graves : incendies criminels, destructions et pilages.  Les meurtres  ont été d’une rare violence : les victimes ont été souvent démembrées, exécutées par balle, lapidées ou brûlées à mort. Comme en témoignent les événements malheureux qui se sont produits à Alindao ou au cours d’une attaque menée sur une institution religieuse, les éléments de l’UPC d’Ali Darass, ont incendié l’Eglise Catholique, brûlé les maisons de centaines de chrétiens, faisant 60 morts parmi lesquels deux prêtres retrouvés morts calcinés.

Et si de nos jours, Michel Djotodia s’engage, loin de toute culpabilité, dans la voie qui est la sienne : mettre en débat les causes et les solutions, en vue de propositions constructives et opérationnelles qui dans leurs missions en œuvre, mèneront vers une paix durable puisque la reconstruction d’une vie sociale basée sur une véritable reconstruction nationale, fondée sur la paix, la justice et la solidarité de toutes les couches de la population centrafricaine, n’atteindra son but que lorsque la culture de Droit de l’homme, du pardon ; de la tolérance imprégnera la sagesse de tous les Centrafricains. Comme a dit le président Rwandais Paul Kagamé « Un bon soldat ne vit pas dans la rancœur du passé »

Cependant, l’initiative personnelle de Michel Djotodia doit :

-Premièrement, et extrêmement être inscrite dans l’initiative de l’Union africaine de l’Accord de Khartoum avec l’implication effective des autorités centrafricaines dans la mise en œuvre  car, dans les clauses de cet Accord, les groupes et personnalités non signataires de l’APPR pourraient être prises en compte dans la mise en œuvre pour absorption afin d’associer tous dans le processus de paix et cela est valable pour le Général Bozizé ;

-Contribuer à rétablir et renforcer la confiance entre le gouvernement et les ex-Séléka. Donc, le retour et l’implication de Djotodia dans le processus de paix, ont l’approbation des plus hautes autorités d’autant plus qu’il a été reçu en audience avec d’autres anciens chefs d’Etat par le président Touadéra dans la journée du 10 septembre 2020 dont le général Bozizé ;

-Donner une chance à tous les Centrafricains de contribuer au retour de la paix et de la réconciliation

Je profite de cette opportunité de m’adresser à la coordination des Ex-Balaka en ces termes : Il faut savoir, à un moment donné de l’histoire,  tourner la page de l’histoire des conflits qui ne profite à personne en faisant bannir des langages d’exclusion de nature à diviser les Centrafricains avec un spectre de la fameuse et longue amnistie dans lesquelles sont plongés certains leaders au mépris des victimes, des personnes déplacées internes et réfugiés.

Cette attitude de la coordination ex-Anti-Balaka tend à prendre en otage les Centrafricaines et Centrafricains, entretient la peur de l’autre, développe la haine et l’anxiété sur lequel, s’appuie tous les appareils  de violence ; cette attitude crée également un climat de méfiance, de suspicion et rend difficile tout projet de reconstruction nationale. Elle développe des fissures,  et ne permet jamais de panser les blessures qui font resurgir des souvenirs douloureux du passé.

La paix n’est le fruit d’une activité programmable et maîtrisable par un seul individu ou un groupe d’individus mais, la paix, est le fruit d’une action commune, tant sur le plan naturel que personnel, il est donc impératif de prendre, des nouvelles infinitives sur le plan national, international et personnel, comme Michel Djotodia, l’a pris. Espérons qu’il n’y aura pas un agenda caché pour que les opérations de maintien de la paix aboutissent à des succès attendus.

@Jacques KOSSINGOU, 

 

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