Centrafrique : Le Premier Ministre Firmin Ngrébada s’explique et rassure le peuple en toute franchise

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Bangui, le 28 mars 19

Le Premier Ministre Firmin NGREBADA

La question de l’inclusivité dans la gestion des affaires de l’Etat, le désistement de certaines personnalités nommées dans le gouvernement, la confirmation ou reconnaissance des grades de certains leaders des groupes armés, le discours politique attendu du premier ministre à l’Assemblée Nationale, l’acte incivique posé par les leaders du CNJ, la prise de position étonnante d’Alkatim et Abdoulaye Miskine, l’interprétation incompréhensive de la vision politique du régime en place, font la une des actualités de l’heure en Centrafrique. Avec sa méthode de large ouverture et d’échange constructif pour l’intérêt national, le patron de la Primature Firmin Ngrébada s’est confiée à la presse en premier lieu, le site lepotentielcentrafricain.com, en donnant la précision sur les imprécis qui taraudent les esprits des uns et des autres. Vote site préféré vous publie ainsi l’intégralité des propos recueillis du Premier Ministre lors d’une interview accordée…

Lepotentielcentrafricain.com (LPC) Monsieur le Premier Ministre bonjour ! Est-ce que vos fonctions ne sont pas assez lourdes à porter vu le contexte actuel ?

Firmin Ngrébada (FN) : Je vous remercie de m’accorder cette possibilité de m’exprimer sur l’actualité gouvernementale. Même en temps normal, assumer la fonction du premier ministre, est une mission délicate, remplie des activités qui visent à conduire toute l’action gouvernementale et assurer la quiétude et le bien-être social de tous les compatriotes. Dans le contexte de notre pays, les attentes sont énormes et sont presque toutes urgentes. Nous avons les attentes liées à la restauration de la sécurité, au rétablissement de la paix, à l’accomplissement de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale.

Nous avons les attentes liées à la reconstruction, celles du développement économique et social et pour y parvenir, des nombreux défis doivent être relevés. Les engagements pris par le Chef de l’Etat au sortir des dernières élections, sont venus ajoutés les donnes politiques, notamment l’accord de paix signé le 06 février 2019, confortés par les compromis d’Addis-Abeba. Avec ces nouvelles donnes, la mission du gouvernement que j’ai la lourde responsabilité de diriger sous la très haute impulsion du Chef de l’Etat, est encore plus difficile.

Le gouvernement que dirige est  attendu sur ces défis et je ne ménagerai aucun effort pour les relever avec tous les membres du gouvernement.

LPC : Monsieur le Premier Ministre, après Addis-Abeba, plusieurs décrets ont été publiés par le Chef de l’Etat, mais on constate des voix discordantes. L’opposition politique et la société civile montent au créneau et parlent d’un gouvernement inclusif, certes mais pas consensuel ?

FN : Nous, centrafricains nous devrions comprendre que notre pays traverse une période très douloureuse devant l’histoire. Nous sommes encore frappés par la crise militaro-politique déclenchée il y’a quelques années. Cette crise est encore présente et ses conséquences affectent nos Institutions et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre cela de vue. Même si certains acteurs de la vie politique et sociale remettent en cause nos efforts en faveur de la paix et du vivre-ensemble, ils reconnaissent néanmoins l’aspect inclusif du nouveau gouvernement ! Hier, tous parlaient de l’exclusivité ! Et aujourd’hui encore on parle de consensus. Nous sommes en démocratie, donc chaque entité est libre d’exprimer son opinion. Seulement il ne faut pas que cela devienne un mot.

On a dit qu’après Addis-Abeba le gouvernement a nommé des gens à certains postes de responsabilité ! au regard des uns et des autres, il s’agit des grandes concessions qui ont été faites pour parvenir aux principaux objectifs, notamment la paix et la réconciliation nationale. A vrai dire, nous voulons épargner le peuple centrafricain de la situation qu’il traverse. Nous voulons la bonne volonté du gouvernement voire celle de son Excellence le président de la République pour son attachement à l’accord de paix signé le 6 février 2019.

LPC : Abdoulaye Miskine, est l’un des chefs rebelles qui est le patron du FDPC refuse son portefeuille dans le gouvernement. Va-t-il être remplacé ou les négociations sont en cours avec lui ?  

FN : Il est vrai que nous sommes ouverts au dialogue et les négociations. Mais, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas que le gouvernement qui doit respecter ses engagements, chaque entité se doit de respecter ses engagements après les discussions et les compromis. Abdoulaye Miskine, a solennellement exprimé son désir de représenter personnellement son groupe dans le gouvernement. Et nous faisons tout pour qu’aucun acte ne compromette aux initiatives de la paix. S’il change d’avis comme certains qui ont eux-mêmes changent d’avis après avoir désigné leurs représentants dans le gouvernement, nous prenons acte, car ils ont fait leur choix et nous attirerons l’attention de la communauté internationale.

A part l’acte d’Abdoulaye Miskine, il s’est agi donc de la nomination de certains membres de son groupe au poste de préfet de la Nana-Mamberé, et sous-préfet et dans d’autres institutions de la République. Nous avons d’y répondre et c’est ce qui a été fait. Et je saisis cette occasion pour informer mon compatriote Abdoulaye Miskine pour son engagement pour la dynamique de la paix et de réconciliation nationale pour faire évoluer la situation sécuritaire sur le terrain, notamment dans la Nana-Mambéré. Je me réjouis de la dernière décision qu’il vienne de prendre et qu’il a rendu public dans ce sens depuis hier.

LPC : Monsieur Alkatim Mahamat, pose clairement la question de reconnaissance de son grade de général. Qu’en dites-vous ?

FN : Cette demande de mon frère Alkatim Mahamat a un caractère général. Nous y répondrons dans le cadre du programme DDRR. En effet, il n’y a pas que lui qui a posé cette revendication ! D’autres responsables des groupes armés qui se sont autoproclamés à certains grades militaires ont également fait la même demande.

Donc, ces demandes deviennent générales, et pour y apporter une réponse, nous avons prévu dans le cadre du DDRR, d’étudier cette question en vue d’apporter une solution sur le volet R. Il sera mis en place une commission d’homologation de galon composée des officiers FACA, des représentants des groupes armés et des partenaires, notamment l’EUTM qui travaille en ce moment avec nous sur la question de réforme du secteur de la sécurité. Donc, toutes les demandes seront examinées, un rapport sera produit et soumis au gouvernement et en ce moment-là, les réponses seront données aux uns et aux autres. A partir de ce moment, Alkatim ne doit faire de ce problème de galon un préalable !

LPC : Est-ce qu’au prochain conseil des Ministres, le quorum sera atteint ?

FN : Bien ! Je vous réponds par affirmative. Les querelles intestines sont derrière nous, le quorum sera atteint. La dernière inquiétude à ce sujet c’est l’arriver à Bangui de certains membres du gouvernement nommés dans les rangs des groupes armés, qui se trouvent encore en province. Cette question sera réglée puisque le gouvernement a obtenu le concours de la Minusca pour leur transport sur Bangui.

LPC : Vous êtes attendu d’ici quelques jours devant les élus de la Nation pour prononcer votre discours de politique générale. Vous serez prêt avant les 60 jours que prévoit la Constitution? 

FN : Je dois dire que malgré les brûlants dossiers auxquels je dois faire face, je m’attèle à l’élaboration de discours de politique générale du gouvernement. Ce travail sera bouclé sous peu et dans le meilleur délai de 60 jours prévus par la Constitution. Donc, le programme sera exposé à l’appréciation de la représentation nationale.

LPC : Nous venons à peine d’apprendre que le Ministre de la jeunesse et des sports a été agressé dans son cabinet par les membres du bureau sortant du Conseil National de la Jeunesse. Quelle est votre première réaction ?

FN : Je désapprouve et je condamne fermement ce type de comportement. Notre jeunesse ne doit pas s’installer dans ce type de violence. Notre société doit-être une société éprise de paix. Une jeunesse qui agresse un Ministre de la République est une Jeunesse qui perd les repères. Quel que soit les revendications ce n’est pas la bonne manière d’agir. Je condamne cet acte d’agression sur une autorité du pays, je ne peux tolérer cela. Le mandat du bureau actuel de CNJ étant terminé depuis 3 mois, il est question que le gouvernement leur apporte un soutien pour l’organisation de leur Assemblée générale en vue de l’élection des nouveaux membres.

LPC : Que pouvez-vous dire des unités Spéciales Mixtes de Sécurité (USMS) ?

FN : Il s’agit d’un dispositif prévu par l’accord de paix signé qui vise à sécuriser les couloirs de transhumance, à prendre le contrôle des zones minière et également à assurer la sécurité des populations qui se trouvent dans les provinces… les Unités vont travailler sous l’autorité de l’Etat-major des FACA, ce sont des forces qui vont travailler sous le contrôle de l’Etat. L’objectif ici, est de rétablir l’autorité de l’Etat, de facilité la libre circulation des personnes et des biens afin de permettre aux populations de vaquer librement à leurs occupations respectives.

LPC : Avez-vous un dernier message ?

FN : Je demande à mes compatriotes de rester serein et de faire confiance au Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA et au gouvernement que je dirige. Nous sommes sur la bonne voie. Les actes que nous posons au sommet de l’Etat sont tous guidés par l’intérêt du peuple centrafricain. Nous faisons ce qui nous parait bon pour le peuple. Si à travers un acte, on peut garantir au peuple, la tranquillité, la sécurité et la paix, nous n’hésiterons pas. Chacun de nous doit faire des sacrifices ou concessions pour parvenir à la paix. Le contexte est très particulier. Nous le savons tous déjà. Faisons donc preuve de compréhension et de tolérance pour rebâtir notre pays. L’heure n’est plus aux polémiques et autres interprétations susceptibles de compromettre nos chances de retour à la paix.

Aussi, j’exhorte tous mes compatriotes à s’impliquer pleinement dans le processus de la paix, de la réconciliation et du relèvement.

LPC : Je vous remercie votre Excellence

FN : C’est à moi de vous remercier.

Propos recueillis par Herman Themona,

 

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