Centrafrique : Le ministre Kazagui se met au-dessus de la loi et se comporte en gangster patenté

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Bangui, le 15 sept. 20

Le ministre de la Communication et des média, Ange-Maxime Kazagui se comporte en un gangster ces derniers temps. Foulant aux pieds les règles administratives, le comportement mesquin de ce dernier prouve à suffisance que nous avons à faire avec un hors-la-loi qui doit continuer son aventure politique ailleurs, et non de rester dans le gouvernement. Pour rappel, par décisions n°34 en ce qui concerne le Directeur Général de la Télévision Centrafricaine (TVCA), Alfred Ngoé-Bengué et n°35 pour ce qui concerne le Directeur général de radio Centrafrique, Jésus-Tarcile Bomongo, le ministre Kazagui a suspendu les deux DG des grandes stations d’Etat de fonction et de solde pour une durée de 3 mois, avec traduction devant le conseil de discipline de la fonction publique. Qu’à cela ne tienne, ce ministre se permet le luxe à les traquer et à les violenter physiquement contre toute attente.

 Tenez-vous bien ! Le lundi, 14  septembre 2020 vers 10 h 30 mn, la devanture de la maison de Télé-Centrafrique était en effervescence. Les hommes en treillis qui assurent la protection de la dite maison, étaient également sur le qui-vive. A voir de près, tous les esprits des gens présents étaient surchauffés. Et pour cause, le ministre Ange-Maxime Kazagui en personne, a débarqué incognito et a demandé aux éléments des forces de défense en fonction sur les lieux, de lui rassembler d’urgence le personnel pour une séance de travail dont le personnel ignorait parce que non au programme de leur journée.

Sitôt dit, sitôt fait comme si c’était à lui que devaient obéir ces éléments pourtant, dépendant d’un commandement spécifique. Une séance lapidaire de travail a été organisée à la va-vite, par ce prétentieux ministre pour intimer l’ordre au personnel de la TVCA de ne plus se soumettre aux instructions d’Alfred Ngoe-Bengué qu’il venait d’être suspendu de fonction et qui, pourtant, n’était pas présent. Joignant l’acte à la parole, il a retiré les clefs du véhicule de liaison de la TVCA d’entre les mains du chauffeur et les clefs du bureau du DG d’entre les mains de la secrétaire particulière pour les confisquer dans quelle intention, on ne pourrait le savoir sauf lui seul.

Sorti pour repartir à son Cabinet, le ministre a vu entrer dans la concession de la TVCA, sieur Alfred Ngoe-Bengué. Au lieu de monter de continuer son chemin, le ministre Kazagui s’est permis d’aller personnellement pousser au corps à corps  le DG Ngoe-Bengué  pour l’expulser au dehors de la concession de la TVCA. N’eut été l’intervention des éléments des forces de défense en fonction sur les lieux, on ne sait ce qui devait arriver.

En voilà pour le comportement si peu orthodoxe d’un ministre de la République. Comment accepter et comprendre que si la sanction infligée aux deux DG des média d’Etat était régulière et réglementaire,  ce qui veut dire que l’application allait de soi, le ministre Kazagui en vienne personnellement à des actes d’intimidation pure des hors-la-loi pour faire respecter ladite sanction ? Est-il seulement normal qu’il en vienne également à une brutalité physique  qui aurait, si Alfred Ngoe-Bengué avait aussi riposté violemment,  pu engendrer une scène de rixe publique ? Pourquoi tout cela pour rien ?

On ne pourrait  comprendre, d’une part, l’attitude du ministre Kazagui qui a agi comme des gangsters qui n’ont aucune faculté de retenue devant certaines situations et qui s’emportent trop facilement. Mais d’autre part, cela peut se comprendre lorsqu’on sait que la décision de sanction du ministre Kazagui contre ses plus proches collaborateurs que sont les DG de la TVCA et de Radio Centrafrique, émane d’une aveugle rancune qui mine déjà longtemps les relations entre les cadres du Ministère et le ministre Kazagui qui ne faisait que guetter l’occasion pour frapper.

Mu seulement par cette obsession, le ministre Kazagui est tombé lui-même dans son piège en commettant de graves fautes administratives, dans la procédure normale de prise d’une décision administrative de sanction. Il a oublié que l’administration centrafricaine n’est pas sa chambre ni ses toilettes qu’il peut utiliser comme bon lui semble, même sans respect des minimas hygiéniques. Dans sa précipitation et surtout  l’idée de voir pleurnicher ses poursuivis, le ministre Kazagui n’a pas attendu l’aval de certains responsables hiérarchiques de l’administration centrafricaine dont les initiales devraient valider le document de décision, tels que le Directeur Général de la Fonction Publique qui représente l’employeur, le Délégué du Contrôle Financier près le Ministère de la communication et des média, représentant du Département des finances, puisque la sanction devrait avoir une incidence financière.

D’ailleurs, de source concordante dont nous disposons de la copie d’un document,  le Délégué du Contrôle Financier dudit ministère aurait rejeté les projets de décision du ministre pour vice de procédure, notamment : Les réponses aux questionnaires des deux DG qui n’ont pas été jointes au dossier ainsi que la copie de l’Arrêté du ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, interdisant la marche dont la diffusion du reportage est à l’origine de la sanction des deux DG; L’absence des visas préalables du Directeur Général de la Fonction Publique et du Coordonnateur de la CPRAC ; En fin la publication des décisions qui a été faite avant même que le dossier ait terminé la procédure de validation qui devrait précéder sa signature.

Eu égard à ces informations, le ministre Kazagui s’est rendu compte que sa décision est nulle et de nul effet,  ce qui veut dire que les deux DG doivent continuer à travailler sans aucune inquiétude. C’est pourquoi, honteux, confus, rabaissé à un degré que personne ne peut imaginer, le ministre Kazagui s’est mis à traquer et violenter physiquement messieurs Ngoe-Bengué et Bomongo. Autrement dit le ministre Kazagui s’est mis au-dessus de la loi centrafricaine qui est trop inefficace à ses yeux pour faire lui-même sa loi.

Voici le profil de certaines personnalités qui se disent ministres alors qu’elles n’ont pas leur place dans le gouvernement, et de ne contaminent ceux qui assument bien leur fonction. Pour une conscience collective centrafricaine sans égratignure, les hautes autorités doivent se prononcer très rapidement sur ce feuilleton. Car, aux dernières nouvelles, le ministre Kazagui aurait suspendu de fonction, le Directeur de ressources humaines du Ministère. C’est un dossier à suivre…

@John Kpogbotchi,

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