Centrafrique : «Le gouvernement s’engage pleinement pour le développement du pays à travers ses ressources minières », Dixit le Ministre Léopold Mboli Fatran

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Bangui, le 09 mai 20

ministre des mines et de la géologie, Léopold Mboli Fatran

La République Centrafricaine dispose de potentialités à travers ses ressources minières. Mais, à cause de la crise militaro-politique que traverse à chaque décennie, le développement du secteur minier qui est pourtant le vecteur l’économie nationale, peine à se traduire dans les faits. A partir de 2016, les exportations de diamants et l’Or ont repris en partie suite aux élections qui ont porté le président Touadéra à la tête de la magistrature suprême de l’Etat. Le ministre des mines et de la géologie, Léopold Mboli Fatran a été mis à contribution dans le gouvernement pour gérer ce secteur. Dans une interview exclusive accordée au MACIG, Léopold Mboli Fatran a laissé entendre son cœur, et lepotentielcentrafricain a repris ses éléments de réponse pour vous.

Malgré ses riches réserves en diamants, bois, Or et uranium, la République centrafricaine (RCA) a eu une histoire défavorable qui a empêché le pays de récolter les fruits de ses ressources. Pourriez-vous commencer par nous donner un aperçu des ressources que la RCA possède et quelle a été l’histoire de leur extraction ?

Léopold Mboli Fatran (LMF) : La République centrafricaine est un pays sans littoral au milieu du continent africain. Il dispose d’un vaste et bon cadre géologique pour l’existence d’importantes ressources minérales, représentant un atout considérable pour le développement de son économie. Les campagnes de prospection menées pendant les périodes coloniales et postcoloniales ont identifié 33 substances minérales. Parmi ces substances, seuls l’or et les diamants sont exploités dans les mines artisanales et semi-mécanisées et contribuent donc au budget de l’Etat. Les diamants produits en RCA sont les cinquièmes au monde en termes de qualité exceptionnelle. La RCA n’est pas un pays producteur de pétrole mais elle dispose de trois blocs qui ont été attribués par l’État à des sociétés privées qui ont terminé la première phase de recherche et ont l’intention de commencer des forages d’exploration dans les années à venir.

Il est donc regrettable que nous soyons confrontés à des défis géopolitiques, notamment l’omniprésence de la contrebande minière. Cependant, l’instabilité politique a été le véritable coupable du sous-développement.

L’exploitation minière illégale représenterait jusqu’à la moitié de toutes les activités minières en RCA. Comment le règlement actuel aborde-t-il ce défi particulier?

LMF : Après la levée de l’embargo, nous avons repris l’exploitation des diamants en juillet 2016. Cependant, les exportations annuelles de diamants ont en fait diminué au cours des deux premières années, en grande partie à cause de l’exploitation minière illicite. L’exploitation minière légale est concentrée dans une petite zone géographique, car seulement cinq des 16 provinces sont exemptes d’embargo. Le désordre dans le pays a perturbé le secteur qui échappe au contrôle de l’État; le détournement des ressources devient ainsi très courant et les diamants sont passés en contrebande dans les pays voisins.

La partie orientale du pays est toujours sous le contrôle de groupes rebelles, et cette région coïncide avec la région d’où proviennent les diamants de la plus haute qualité. Le gouvernement prévoit d’étendre davantage notre surveillance et de travailler sur un cadre opérationnel souple et adapté aux défis actuels.

Notre stratégie comporte deux aspects clés: le premier consiste à travailler au niveau régional, à collaborer avec les pays voisins pour assurer un contrôle multifocal. La deuxième priorité est de renforcer notre centrale d’achat afin de garantir que l’exploitation minière légale soit récompensée et bien soutenue. Notre objectif réel est de réduire le nombre de bureaux d’achat pour éviter les fraudes. De cette façon, nous créons des dispositions pour à la fois freiner les activités illégales et encourager les bonnes pratiques.

Il y a un an, l’accord de paix de Khartoum a été signé, mais il semble que la violence ne soit toujours pas apaisée. Comment décririez-vous la situation actuelle en matière de sécurité et quelles sont les mesures prises pour assurer la sécurité des voyageurs?

LMF : Le pays a souffert d’une instabilité persistante qui a empêché la réalisation de nos objectifs politiques et économiques pendant de nombreuses années. En 2013, les rebelles ont assiégé la capitale Bangui, déclenchant un embargo international et fermant le pays au monde. Après 2016, les exportations de diamants ont repris partiellement, grâce à une élection reconnue et saluée par la communauté internationale. Cette fragilité a tronqué les programmes politiques et rendu les lancements de politiques infructueux. De plus, les groupes armés ont perturbé l’activité économique et commerciale, mais l’or continue d’être exploité normalement.

La sécurité est le plus grand défi du gouvernement et notre priorité absolue. Malgré la présence de 15 000 soldats des Nations Unies chargés du maintien de la paix, l’insécurité demeure une réalité dans le pays. Néanmoins, le gouvernement est attaché à une résolution pacifique et il est actuellement en dialogue avec les groupes marginaux et nous avons mis en place des unités mixtes d’intervention afin de reprendre le contrôle dans toutes les régions qui sont désormais aux mains des groupes rebelles. Nous prenons également très au sérieux les préoccupations des visiteurs en matière de sécurité. Le gouvernement est prêt à fournir un soutien aux visiteurs, aux entreprises et aux délégués officiels, y compris l’offre de services de protection rapprochée. Nous travaillerons ensemble pour le bien de tous dans le pays.

Souhaitez-vous partager un dernier message avec la communauté internationale?

LMF : L’Afrique est considérée comme le continent du futur et nous avons les mines les plus convoitées, mais cela ne résonne nulle part aussi fortement qu’en République centrafricaine. Nous avons trois sociétés avancées dans la recherche pétrolière, nous avons de grandes mines d’or qui ont été arrêtées mais qui redémarreront sous peu et davantage de possibilités d’investissement. La majeure partie du pays reste intacte et le potentiel de grandes découvertes très rentables est inégalé. De plus, le gouvernement a pris une série de mesures pour garantir un cadre politique propice aux entreprises. Cela comprend trois domaines clés, à partir d’une législation claire, stable et avantageuse qui favorise les investisseurs. De plus, le gouvernement s’engage à assurer la sécurité des visiteurs et offre des garanties aux investisseurs à cet égard. Finalement, notre système juridique protège fortement les intérêts commerciaux. Nous déployons des efforts concertés pour démontrer les opportunités commerciales extraordinaires qui existent en République centrafricaine. Nous voulons dissiper les idées fausses en permettant à la communauté internationale de découvrir le pays de première main.

Quel a été l’impact de Covid-19 sur le secteur minier centrafricain?

LMF : La pandémie de coronavirus a touché la plupart des pays du monde, y compris la République centrafricaine. Avec la propagation rapide et mondiale du virus, il est clair que nous vivons une période difficile. Le gouvernement se soucie profondément de la santé et du bien-être de sa population. Alors que les autorités nationales adoptent diverses mesures pour protéger les citoyens, nous encourageons également les acteurs du secteur minier à intégrer les lignes directrices fournies par l’Organisation mondiale de la santé. L’impact sera probablement ressenti le plus dans ces domaines clés: La fermeture des bureaux d’achat ; la forte baisse des exportations et donc des taxes ; la fraude massive et exploitation minière de contrebande ; et la dégradation du système de santé des populations vulnérables.

@MACIG

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