Centrafrique : Bilan et constat du FPRC et le Mouvement des Ex-antibalaka sur l’Accord de Khartoum

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Bangui, le 07 février 20

Le Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) et Mouvement Nationale des patriotes Ex-antibalaka, à travers leurs porte-parole, respectivement Béranger Ludovic Igor Lamaka et Aboubakar Siddick Ali, ont animé une conférence de presse ce 06 février 2020, à l’Hôtel Levy’s à Bangui. Cette rencontre avec les professionnels des média vise à leur part du bilan et constat sur l’Accord politique de paix et de réconciliation (APPR), un an après sa signature le 06 février 2019. Bien que ces deux entités militaro-politique réitèrent leur constante adhésion à cet Accord, mais regrette quelques failles enregistrées, et du côté du gouvernement, celui des garants et facilitateurs, et celui des groupes armés. Pour les porte-paroles de ces deux groupes armés, il y’a des avancées dans la mise en application dudit Accord bien qu’il accuse un retard à travers certaines dispositions qui ne sont pas appliquées. In-extenso, l’intégralité de du propos liminaire de cette conférence de presse conjointe.

PROPOS LIMINAIRE DE LA CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE

Chers Journalistes,

Chers médias,

Chers invités et participants,

De Prime à bord, nous tenons à réitérer notre adhésion à l’APPR-RCA et notre engagement à œuvrer sans aucun relâche à la mise en œuvre de l’Accord de paix, tel négocié à Khartoum, du 24 janvier 2019 au 5 février 2019, et signé à Bangui, le 6 février 2019. Le Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) et le Mouvement Nationale des Patriotes Anti-Balaka continuent à croire que l’APPR-RCA demeure une voie de sortie de crise. Il n’est aucun doute que le règlement des conflits passe inéluctablement par un processus de conclusion d’un consensus, d’un compromis, comme « forme d’arrangement » entre les protagonistes. Et comme l’écrit Duncan Marrow (1999, p. 132) : « la réconciliation est un rétablissement d’une relation qui inspire suffisamment de confiance pour ne plus diviser ». Or, ce n’est pas le cas. Nous assistons à une situation inédite où des ministres du gouvernement, responsables des groupes armés signataires de l’APPR-RCA, nouent des alliances avec un groupe armé non-signataire, le PRNC, et organisent impunément des attaques contre les positions d’un autre groupe armé qui, lui, est signataire de l’Accord, sans que ces violations ne soient dénoncées. Le parjure prend son comble par l’invitation de Monsieur Mahamat Djouma Albert, membre fondateur du PRNC, à la commémoration de l’anniversaire de l’APPR-RCA.

En ces moments de célébration de l’anniversaire de l’APPR-RCA, nous tenons à vous présenter notre avis sur la situation. Premièrement, la problématique réside dans l’absence de vérité dans le processus et/ou la condition de mise en œuvre du compromis de Khartoum. Notre postulat est que, pour qu’elle soit effective, le processus de paix en RCA doit permettre d’affronter des vérités dérangeantes ; d’approcher des visions qui, à défaut d’être antagonistes, sont, pour le moins que l’on puisse dire, divergentes ; d’œuvrer vers une « compréhension identique » sur les causes de conflits en vue de l’accomplissement de la régénération morale des individus – « guérir », « pardonner » – et à « pacifier » le pays. Pour satisfaire cette exigence, il faut renverser le paradigme en mettant en place des mécanismes qui permettent d’outrepasser l’aspect juridico-judiciaire et les sanctions conséquentes.

Quand bien même nous nous féliciterons des efforts consentis dans la mise en œuvre des dispositifs de l’APPR-RCA qui nous engagent, conformément à l’article 4, et des progrès réalisés, il faudrait tout de même reconnaître que beaucoup reste à faire et le chemin est semé d’embûches à cause de manque de cohérence de certains acteurs et, également, des Garants et des facilitateurs.

Douze mois après sa signature, le constat est que l’APPR-RCA accuse des retards inquiétants dans sa mise en œuvre, particulièrement en ce qui concerne les engagements du gouvernement, conformément à l’article 1.b, l’article 4, points a., c., f., i., r., s., t., u, et les articles 16 et 17. C’est un constat d’échec qui se justifie par le fait que rien n’a été fait en ce qui concerne notamment : les arrangements sécuritaires transitoires qui, malheureusement, malgré leur pertinence, deviennent, au fil des jours, caduques.

Encore, faut-il souligner que, faute des moyens, les quelques mécanismes de mise en œuvre déjà mis en place ne sont pas fonctionnels. Pourtant, l’article 23 de l’APPR-RCA, demande à la communauté internationale d’assurer l’accompagnement des parties dans la mise en œuvre effective de l’APPR-RCA, notamment à travers un soutien politique, sécuritaire, technique et financier. C’est dans cette logique d’ailleurs que dans leur communiqué conjoint du 5 février 2020, l’Union Africaine, la CEEAC et l’ONU appellent « les autres Facilitateurs à apporter un soutien durable et appui multiforme déterminant au processus de paix en RCA ».

Nous craignons donc qu’en conséquence l’APPR-RCA ne rallonge la liste déjà suffisamment longue des accords signés sans qu’ils n’apportent aucune solution au conflit dont les causes demeurent incontestablement structurelles.

Nous demandons avec insistance au gouvernement d’éviter de tomber dans l’autosatisfaction et d’honorer sans détours les engagements qui sont les siens, tels que mentionnés dans l’APPR-RCA et ses annexes afin de mettre fin aux souffrances des populations et aux violences armées.

Nous continuons d’espérer un message qui traduit dans les faits les engagements pris à Khartoum et signé à Bangui, le 06 février 2019, il y a maintenant douze mois, et demandons la libération des prisonniers politico-militaires des groupes armés, en l’occurrence le Coordinateur Général du mouvement des patriotes ex-anti-balaka et président du PCUD, Monsieur Patrice-Edouard Ngaïssona ; ainsi que les autres prisonniers qui croupissent à la prison centrale de Ngaragba et au camp de Roux.

Nous vous remercions de votre agréable attention et à vous la parole.

Fait à Bangui, le 06 février 2020

 

Aboubakar Siddick Ali                                         Béranger Ludovic Igor LAMAKA

Porte-Parole, FPRC                                               Porte-parole, Ex-Antibalaka

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