Centrafrique/Assemblée Nationale : Le Premier Ministre Firmin Ngrébada promet et rassure que les djihadistes des 3R reprendront de leurs actes génocidaires

0

Les élus de la Nation ont interpellé le premier ministre Firmin Ngrébada le 27 mai 2019 sur les tueries en masse survenues dans l’Ouham-Pendé, précisément dans les villages Koundjili et Bohong. Le Chef du gouvernement qui était totalement chagriné avait fait le point sur ces évènements en ces termes….

PROPOS LIMINAIRE DE

SON EXCELLENCE FIRMIN NGREBADA PREMIER MINISTRE, CHEF DU GOUVERNEMENT

A L’OCCASION DE L’INTERPELLATION DU GOUVERNEMENT SUR LES EVENEMENTS TRAGIQUES DE

KOUNDJILI, LEMOUNA, KOUWONE, POUGOL, BOHONG, MAIKILO, LONGONI, NOLA ET SARABA.

BANGUI, 27 MAI 2019.

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Dix (10) jours après mon passage ici le 17 mai, où j’ai pris la parole sur la situation des militaires admis à la retraite en 2018, je me fais à nouveau le devoir d’accéder à la demande de la représentation nationale d’interpeller le Gouvernement, sur les évènements tragiques, survenus très récemment dans plusieurs localités de notre pays à savoir KOUNDJILI, LEMOUNA, KOUWONE, POUGOL dans la Préfecture de l’Ouham Pendé, BOHONG, MAIKILO, LONGONI dans la Préfecture de la Nana-Mambéré, NOLA (Sangha-Mbaéré et SARABA (Ouham).

Ces évènements ont entraîné quarante (40) morts environ, des blessés, des personnes déplacées, des personnes réfugiées dans la brousse et exposées à plusieurs dangers.

De par la conception que j’ai des institutions, je considère que, l’interpellation du gouvernement, qui se veut un pouvoir dévolu à votre auguste assemblée, constitue à vrai dire un exercice et un rituel démocratiques particulièrement importants dans la vie de la nation.

C’est pour cette raison, que je m’empresserai, Honorable Président, de venir, en cas de demande, à la rencontre des Elus de la Nation que vous êtes, afin de vous expliquer et présenter les mesures prises ou préconisées par le Gouvernement, pour tenter d’apporter des solutions aux problèmes qui peuvent survenir dans notre pays à tous, à l’exemple des dernières violences meurtrières enregistrées dans les localités ci-dessus citées.

Tous les membres du Gouvernement que j’ai l’honneur de diriger s’associent à moi pour vous rassurer que nous nous ferons toujours le devoir de sacrifier volontiers à cet exercice et à cette tradition républicaine, afin de bénéficier de vos suggestions ou propositions et de prendre en compte vos critiques, dans le souci d’un meilleur accomplissement de notre charge, laquelle consiste en la satisfaction, au quotidien, des besoins d’intérêt général, au nombre desquels la protection des populations et la défense de l’intégrité de notre territoire.

J’appelle ainsi de tous mes vœux la fécondité des échanges entre nos deux (2) institutions à travers le contrôle de l’action gouvernementale.

Pour revenir à l’objet central de l’interpellation de ce matin, je procéderai, dans un premier temps, à l’exposé complet des faits criminels qui ont ensanglanté certaines de nos localités et, dans un second temps, à la déclinaison des mesures adoptées par le gouvernement en réaction à ces évènements.

  1. DES FAITS

Honorable Président de l’Assemblée nationale,

Honorables Députés,

J’en viens maintenant aux faits ayant conduit à l’interpellation de ce matin. Je considère que tous les centrafricains ont le droit de savoir ce qui s’est passé très dramatiquement, il y a quelques jours, dans certaines localités de notre pays.

En effet, les 21 et 22 mai 2019, les éléments du mouvement rebelle 3R de SIDIKI ont fait des incursions dans les localités de BOHONG, MAIKILO, LONGONI, KOUNDJILI, LEMOUNA, KOUWONE et POUGOL. Il s’agissait des expéditions militaires contre nos paisibles populations.

  1. BOHONG

A BOHONG, localité située à 70 km axe Bouar-Bocaranga, ainsi que dans les villages MAIKILO et LONGANI, à 19 et 20 km sur l’axe Bozoum, les éléments du mouvement 3R de SIDIKI sont arrivés à bord des motos, lourdement armés. Environ deux cents (200) combattants ont investi ces localités.

D’après les informations, ces incursions faisaient suite à un conflit entre éleveurs et agriculteurs au sujet de la dévastation et dégradation des champs par des bétails.

Les criminels ont semé la désolation par des tirs d’armes à feu, des actes de pillage et d’incendie de la quasi-totalité des maisons et greniers ; les habitants terrifiés et paniqués ont déserté les villages pour se mettre à l’abri dans la brousse.

Le bilan est de 5 morts et plusieurs blessés évacués à l’hôpital de BOCARANGA.

Du côté des éléments de 3R de SIDIKI, il y a eu quatre (4) blessés dont l’un a fini par succomber.

  1. KOUNDJILI ET LEMOUNA

Une autre attaque des éléments des 3R a eu lieu le même jour aux environs de 14h00 dans deux (2) villages, KOUNDJILI et LEMOUNA situés respectivement à 18 et 25 km de la ville de Paoua axe Bocaranga.

Le bilan est de 13 morts pour KOUNDJILI et 18 morts pour LEMOUNA. Il faut préciser qu’a LEMOUNA, la plupart des victimes ont été ligotées contre un arbre avant d’être exécutées, puis enterrées dans une fosse commune, selon les dernières informations recueillies.

De plus, parmi les personnes froidement abattues, il y a le Directeur de l’école de Lemouna, Monsieur SAMBAILE GNAPELET Fernand, des écoliers ainsi que Monsieur BISSI Florentin, le Suppléant du Député de Paoua 1, l’Honorable MBAIGOTO.

Après leurs forfaits, les criminels se sont retirés en empruntant les couloirs de transhumance, tandis que les habitants des villages concernés se sont réfugiés dans la brousse, et les blessés, transférés à l’hôpital sous-préfectoral de la ville de Paoua.

Le 23 mai 2019, une autre attaque des éléments de SIDIKI a été signalée contre les paisibles populations des villages KOUWONE et POUGOL situés à quelques km de Paoua.

S’agissant des évènements perpétrés à BOHONG, MAIKILO, LONGONI, KOUNDJILI, LEMOUNA, KOUWONE et POUGOL, et d’après les premières informations en notre possession, les auteurs présumés de ces actes criminels sont bel et bien des éléments de 3R de SIDIKI et les principaux auteurs seraient les suivants :

– Monsieur MAHAMAT TAHIR, 29 ans environ, né à Bangui, fils de TAHIR ISSA et de FANNE, père de 2 enfants, commandant militaire du mouvement 3R de SIDIKI ;- Monsieur ISSA SALLET, 27 ans environ, né à Bossangoa, fils de SALLET et de ZENABA, père de 4 enfants, ancien « Libérateur » ayant participé au coup d’Etat du 15 mars 2003, et ayant suivi une formation militaire la fin de la même année, actuellement commandant militaire du mouvement 3R de SIDIKI ;

– Monsieur YAOUBA OUSMANE, 25 ans environ, né à Carnot, fils de OUSMANE et AISSATOU, sans enfant.

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

D’autres crimes ont été commis dans les Préfectures de l’OUHAM et de la SANGHA-MBAERE, et les centrafricains ont le droit de le savoir.

  1. BOSSANGOA

Le 22 mai 2019, deux personnes ont été assassinées sur l’axe BOUCA-BATANGAFO, précisément au village SARABA situé à 5 km de BATANGAFO.

Il s’agit de Monsieur EYAMGOTO YOBO Jean, 48 ans, Chef de Secteur Scolaire de KABO, qui rentrait de Bossangoa, muni des kits pour l’examen d’entrée en sixième ; son conducteur de taxi-moto, Monsieur DEGOTHO Emmanuel, 47 ans, a aussi été assassiné dans une embuscade par des éléments munis de fusils AK 47, lesquels ont vite déguerpi des lieux en emportant la moto.

  1. NOLA

Le 19 mai 2019, dans l’après-midi, la sœur INES, âgée de 70 ans, de nationalité espagnole, religieuse de l’Eglise Catholique de Bola, a été sauvagement assassinée, après le culte de 14h00.

Les recherches entreprises ont permis de découvrir, vers 22h00, le corps sans vie de la Sœur INES. Une enquête est en cours pour identifier les auteurs de ce crime odieux.

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

– Pour chacune des victimes de la barbarie perpétrée, je le dis ici clairement et fermement, par des criminels, des gens sans foi ni loi, dans nos localités de KOUNDJILI, LEMOUNA, KOUWONE, POUGOL, BOHONG, MAIKILO, LONGONI, SARABA et NOLA ;

– Pour chacun de ces innocents ;

– Pour Monsieur SAMBAILE GNAPELET Fernand, ce Directeur de l’Ecole froidement abattu sur son lieu de travail ;

– Pour ces trois enseignants du primaire lâchement assassinés alors qu’ils étaient en plein service de notre pays, en train d’instruire nos enfants ;

– Pour chacun de ces écoliers innocents, c’est à dire nos enfants, dont les vies ont été enlevées trop tôt à KOUNDJILI et LEMOUNA ;

– Pour le suppléant du Député de Paoua 1, l’Honorable MBAIGOTO, froidement abattu ;
– Pour la sœur INES, cette humble servante de Dieu Tout-Puissant, venue de très loin pour être au service de ses frères et sœurs de Centrafrique ;

– Pour Monsieur Monsieur EYAMGOTO YOBO, ce Chef de Secteur Scolaire de Kabo, sommairement exécuté en pleine mission, au service de notre pays ;

– Pour Monsieur DEGHOTO Emmanuel, conducteur de taxi-moto qui ne faisait que son job pour gagner honnêtement son pain et nourrir sa famille, plutôt que de le faire à la manière de ses lâches assassins qui ont emporté sa moto pour s’en approprier, par la violence des armes ;

En mémoire de toutes ces victimes, Honorable Président de l’Assemblée Nationale, je vous prie ainsi que l’auguste assemblée de bien vouloir observer une minute de silence…………………… (Je vous remercie).

Avant toute chose, je voudrais, du haut de cette tribune, ré-exprimer ma vive préoccupation à propos de ces différents actes ignobles qui ont ensanglanté notre pays et que nous devons tous condamner fermement.

Je voudrais ensuite dire le sentiment de colère que j’éprouve depuis la survenance de ces évènements criminels, sanglants et profondément douloureux pour notre nation.

Cette colère saine et justifiée est, d’abord et surtout, celle d’un fils et d’un citoyen de la République Centrafricaine que je suis ; c’est, enfin, celle du Premier Ministre, Chef du Gouvernement que je suis, investi par le Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA, de la mission de direction et de coordination de l’action gouvernementale, y compris dans le domaine de la sécurité des personnes et des biens ainsi que de la défense de l’intégrité de notre territoire.

Je considère que rien ne peut justifier de tels actes criminels et barbares, pas même le vol de bétails.

Je ne peux tolérer des expéditions punitives à l’endroit des populations civiles pour la simple raison qu’il y ait eu vol de bétails.

Et quand bien même, il y aurait eu vol de bétails, est ce que cela nécessitait une telle expédition punitive, criminelle, sanglante, cruelle et douloureuse pour toute une population, dans un, deux, trois, quatre, cinq, six villages ?

La disproportion serait alors d’une ampleur inacceptable.

  1. DE LA REACTION DU GOUVERNEMENT

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Pour ce qui est de la réaction du gouvernement face à tous ces actes de violence :

  1. Crimes de NOLA (SANGHA-MBAERE) et SARABA (OUHAM)

S’agissant de l’assassinat de la sœur Inès à Nola, du Chef de Secteur Scolaire et son conducteur de moto à Saraba, des enquêtes sont déjà en cours et les conclusions seront portées à la connaissance de tous.

Les auteurs présumés répondront de leurs actes devant la justice de notre pays.

  1. Crimes commis par les hommes de SIDIKI

Premièrement, dès le 22 mai 2019, le Gouvernement a publié un Communiqué de Presse.

Dans ce texte, le Gouvernement :- a condamné les crimes barbares inacceptables perpétrés par le mouvement 3R de SIDIKI qui est pourtant engagé dans le processus de paix et de réconciliation nationale à travers l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 06 février 2019 ;

– s’est associé à la MINUSCA pour adresser un ultimatum de 72 heures à SIDIKI, exiger l’arrestation et la remise aux autorités compétentes des auteurs de ces massacres ;

– a fait savoir que les violences aveugles ne resteront pas impunies.

Deuxièmement, le 22 mai 2019, le Général WANZET LINGUISSARA, Ministre de l’Intérieur chargé de la Sécurité Publique avait effectué une descente à Bouar où il a tenu une réunion de sécurité avec la MINUSCA et le Sous-Préfet de Bouar, assurant l’intérim du Préfet.

A cette occasion, le Chef de la MINUSCA a présenté la situation sécuritaire dans la région notamment les menaces et violences perpétrées par les éléments de 3R de SIDIKI.

Au cours de cette réunion, le Ministre de l’Intérieur a demandé aux autorités locales de s’impliquer dans la sensibilisation des groupes armés et la population sur l’accord de paix du 06 février 2019.

Il a insisté pour que les patrouilles mixtes MINUSCA, FACA et FSI soient menées régulièrement dans la région notamment sur les axes BESSON-BELOKO-BOHONG.

Troisièmement, le Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA a décrété le jeudi 23 mai 2019 un deuil national de trois (3) jours en la mémoire des victimes des massacres des civils dans plusieurs villages du nord-ouest du pays ainsi que de celle de la religieuse INES innocemment assassinée à NOLA.

Quatrièmement, j’ai organisé et dépêché, sur instruction de son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA, le samedi 25 mai 2019, avec le concours logistique de la MINUSCA, une mission gouvernementale, conduite par le Ministre de l’Intérieur chargé de la Sécurité Publique, dans les villages KOUNDJILI et LEMOUNA.

Parmi la délégation, se trouvait l’Honorable Martin ZIGUELE, Député de Bocaranga 2.

Les membres de la délégation ont pu se recueillir sur les tombes des victimes et exprimé notre solidarité aux familles éprouvées.

Cinquièmement, je tiens à faire savoir que, sous l’autorité du Président de la République, Chef de l’Etat, j’ai pris une Décision portant création d’une CELLULE DE VEILLE, au sein de la Primature, dans le cadre de la stratégie de sécurité et défense nationale.

Placée sous ma direction, cette cellule de veille poursuit les objectifs suivants :
– faire un suivi permanent de l’état de l’insécurité sur toute l’étendue du territoire national ;
– coordonner les actions entre la Primature, le gouvernement et les partenaires dans le domaine de la sécurité et défense ;

– Alerter en cas de convergence des faisceaux de faits en lien avec l’insécurité et proposer des mesures préventives ou, à défaut, des mesures correctives.

Enfin, sur le plan judiciaire, et suite à l’ultimatum conjoint du Gouvernement et de la MINUSCA, SIDIKI a procédé à la remise aux autorités de trois (3) auteurs présumés des tueries et autres actes de barbarie de KOUNDJILI, LEMOUNA, BOHONG, MAIKALO et LONGANI.

En ce moment, ces criminels, bandits de grand chemin et ces barbares, arrêtés à BOCARANGA, sont entre les mains de la Brigade de la Gendarmerie Territoriale de Bouar.

Ils ont déjà été auditionnés et seront transférés sous bonne escorte, de façon imminente, à Bangui à la Section des Recherches et Investigations.

Mais je ne peux me satisfaire de cela et exige ici de SIDIKI qu’il fasse plus : j’exige que SIDIKI procède à l’arrestation et à la remise des autres auteurs présumés qui sont encore en cavale mais qu’il connaît tout particulièrement puisqu’il s’agit, je le dis ici clairement, des éléments de son mouvement rebelle 3R.

Pour ma part, je veillerai personnellement, sous l’autorité du Président de la République, Chef de l’Etat, à ce que tous les auteurs présumés de tous ces crimes, y compris ceux de NOLA et SARABA, soient recherchés, arrêtés, jugés et condamnés par la justice de notre pays.

En ce sens, je n’ai pas encore oublié mon engagement pris lors de mon premier passage ici, consacré à la Déclaration de la Politique Générale de mon Gouvernement.

Je disais déjà ceci, et je cite :

« A ceux qui sèment la mort, administrent des sévices cruels, inhumains et dégradants, ceux qui violent, volent, aux chefs et membres des gangs, aux auteurs du crime organisé, je dis ceci : la justice vous poursuivra et vous rattrapera, avec à la clé des suites judiciaires appropriées selon la nature et la gravité des délits et crimes. 

Vous l’aurez compris, la lutte contre l’impunité fera partie de mes priorités et je sonne ici, dans la maison du peuple centrafricain, le glas de l’impunité, l’impunité qui n’a que trop duré, l’impunité qui a favorisé l’accroissement des victimes, victimes du viol, victimes du vol, victimes de violences multiformes, pillages, tueries, enlèvements, tortures, l’impunité qui a contraint à l’exil, contrairement à l’article 5 alinéa 3 de la Constitution du 30 mars 2016, de nombreux centrafricains, l’impunité qui a engendré le phénomène des personnes déplacées vivant dans la précarité et exposées à tous les dangers ».

Ces mots vous concernent aussi, vous les criminels et barbares qui avez semé la terreur et la désolation à KOUNDJILI, LEMOUNA, MAIKALO, LONGANI, BOHONG, KOUWONE, POUGOL, NOLA et SARABA. Courez, courez, mais la justice vous recherche déjà et vous rattrapera.
La justice centrafricaine le fera, aidée en cela, par le sang des innocents dont vous avez lâchement ôté les vies, aidée en cela par les pleurs des familles des victimes, aidée en cela par les souffrances des paisibles populations de KOUNDJILI, LEMOUNA, MAIKALO, LONGANI, BOHONG, KOUWONE et POUGOL dont vous avez fait des personnes déplacées et des réfugiées dans la brousse abandonnant ainsi leurs milieux de vie hérités de leurs aïeux.

Quand bien même, vous échapperez à la justice des hommes, il restera une autre possibilité judiciaire à laquelle je voue une certaine croyance : la justice naturelle. Ceux qui échappent à la justice des hommes seront rattrapés par la justice naturelle.

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Cette fois-ci, je voudrai m’adresser directement à SIDIKI et aux éléments de son mouvement 3R :
– Que cherchez-vous à travers ces actes ignobles, barbares, cruels, inhumains et sanglants ?
– Vous avez signé l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en RCA du 06 février 2019.

Mais les actes criminels, sanglants, barbares et douloureux auxquels se sont livrés vos éléments dans les localités de KOUNDJILI, LEMOUNA, MAIKALO, LONGANI, BOHONG, KOUWONE et POUGOL sont absolument contraires aux dispositions de cet accord de paix, que vous avez personnellement négocié et signé, ensemble avec le Gouvernement et les autres Groupes Armés qui, dans leur ensemble, se distinguent aujourd’hui de vous positivement pour faire avancer le processus de paix et de réconciliation en RCA.

Je dois vous rappeler ici qu’en tant que chef du mouvement 3R, vous endossez la responsabilité de ce qui s’est passé et vous êtes passible de sanctions tant nationales qu’internationales telles que prévues à l’article 35 de l’accord de paix.

Je vous somme ici de respecter enfin vos 10 engagements définis à l’article 5 de l’accord de paix du 6 février 2019 et de ne pas devenir un obstacle à la paix et à la réconciliation dans notre pays.

Je n’ai pas manqué d’évoquer déjà le sujet, dès les 22 et 24 mai dernier, avec Ismail CHERGUI, Commissaire Paix et Sécurité de l’Union Africaine, et Monsieur Mankeur NDIAGNE, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies, Chef de la MINUSCA, auxquels j’ai demandé le soutien des facilitateurs et garants du processus de paix, afin que des sanctions exemplaires soient prises en l’encontre des signataires de l’accord de paix défaillants.

Je tiens aussi à rappeler que le Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA, pratique depuis son accession à la Magistrature Suprême de l’Etat, une politique de main tendue vis-à-vis des Groupes Armés en privilégiant le dialogue, la non-violence et non l’affrontement ; le dialogue, c’est la marque des grands hommes et la vision des Hommes d’Etat.

Le gouvernement que je dirige sous l’autorité du Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA, fait preuve jusqu’ici d’une application de bonne foi de l’accord de paix du 06 février 2019.

Sous l’autorité du Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA, une première réunion du Comité Exécutif de Suivi (CES) s’est tenue le 17 mai dernier, pour évaluer les actions déjà entreprises et corriger les imperfections.

La prochaine réunion du Comité Exécutif de Suivi est prévue pour le 29 mai prochain, le souci du Gouvernement étant toujours de tenir son engagement en vue de la bonne application de l’accord de paix.

Mais nous n’accepterons pas que certains groupes tels que le mouvement 3R de SIDIKI puissent renier leurs dix (10) engagements solennels définis à l’article 5 de l’accord et de compromettre ainsi toute chance pour notre pays de retrouver enfin la stabilité.

Je profite de cet instant pour saluer la position de certains groupes armés tels que le FPRC de Nourredine ADAM, le MPC d’Alkatim MAHAMAT et l’UPC d’Ali DARAS qui ont condamné fermement, à travers divers communiqués de leurs mouvements respectifs, les massacres perpétrés dans la partie nord-ouest de notre pays, et qui ont appelé au strict respect de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 06 février 2019.

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

L’heure est grave certes, puisque l’on ne peut comprendre qu’il y’ait encore des massacres après la signature de l’accord de paix.

Il est légitime que tout notre peuple soit en colère et réclame justice.

Mais il convient, en même temps, de faire attention au chant des sirènes qui veulent nous ramener en arrière sans proposer d’alternatives, qui appellent déjà à la mort de l’accord de paix du 06 février 2019, avec le risque de faire retomber le pays dans une situation plus grave.

Nous nous devons, dans un élan solidaire, de rester dans la logique et l’engagement à tout faire pour l’aboutissement heureux des termes de cet accord de paix dont la signature a été saluée par toute la communauté internationale et une bonne partie de notre peuple.

D’ores et déjà, et avec les autres parties qui continuent de bonne foi de rester dans le cadre des engagements qu’ils ont pris avec nous, ceci avec le soutien des facilitateurs et garants, nous mettons actuellement tout en œuvre pour :

– Accélérer le grand DDRR ;

– Créer les dernières conditions pour rendre opérationnelles les Unités Spéciales Mixtes de Sécurité (USMS), dans l’objectif de ramener rapidement la paix et la sécurité dans le pays.

L’avenir nous situera sur l’issue de cette option politique qui reste, à mon humble avis, indispensable. Si alternative il y’aurait à l’accord de paix, ce serait une alternative guerrière, meurtrière, suicidaire et donc dangereuse pour notre pays.

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorables Députés,

Ce sont là les éléments d’information et d’explication que je soumets à l’attention de la représentation nationale, à propos des évènements dramatiques de KOUNDJILI, LEMOUNA, BOHONG, MAIKALO, LONGANI, KOUWONE, POUGOL, NOLA et SARABA.

Je vous remercie pour votre aimable attention.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.