Centrafrique : 17 morts dans un violent accrochage entre ex- séléka à Markounda

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Bangui, le 21 sept. 18

Dix sept (17) éléments ex-séléka dont deux colonels, huit (8) commandants et cinq (5) chefs d’opérations ont trouvé la mort lundi dernier 17 septembre, dans la localité de Markounda dans un affrontement fratricide né d’un malentendu entre une équipe des ex-séléka qui contrôle une barrière qui se situe au village Wéroui non loin de la frontière avec le Tchad.

Des témoignages de diverses sources locales indiquent que ce meurtrier affrontement des frères séléka a été déclenché par la faute de ceux-là qui tiennent une barrière proche de la frontière avec le Tchad qui voulaient empêcher les siens qui venaient de Markounda de traverser le village Wéroui ce qui a déclenché les hostilités entre les deux camps causant ainsi d’énormes pertes en vies humaines dans les rangs de deux protagonistes.

Les mêmes sources indiquent que les éléments séléka qui s’entretuent à Markounda sont issus du même groupe du MPC à la seule différence que ceux que ceux-ci sont partagés entre deux chefs à savoir les autoproclamés généraux Al khatim et Baha qui, depuis un certain temps, se regardent en chien de faïence.

« Cette situation a fait que la population de Markounda vit depuis ces derniers jours, dans une psychose totale suite à l’arrivée massive dans les environs de cette ville, des éléments des ex-séléka lourdement armés. L’on s’interroge déjà pour savoir le vrai mobil de la présence en surnombre de ces fauteurs de troubles dans cette localité » s’alarme sous l’anonymat, un ressortissant de cette localité. Poursuivant, la même source a indiqué les éléments séléka du MPC de la tendance Al kathim sont toujours ne s’entendent pas avec ceux qui sont du général Baha.

Notons que les ex-séléka ne sont pas à leur premier accrochage fratricide car, l’on se souviendra qu’à la suite du regroupement de ceux-ci ces précédents mois de l’année en cours à Kaga-Bandoro et Sido, un incident similaire s’était produit quand ces derniers voulaient faire leur entrée à Batangafo où l’on avait noté la présence des mercenaires tchadiens Arda, Issa Issaka ainsi que le patron de l’UPC le ngérien Ali Darrass.

Dans le même élan d’autres sources avaient fait état de ce qu’après Batangafo, ces factions séléka s’étaient fixées comme prochaine destination, la ville de Bouca qui fait frontière avec la ville stratégique de Bossangoa. Ceci a laissé croire d’une nouvelle stratégie pour les séléka de gagner le terrain pour atteindre facilement Bangui comme cela a été le cas en 2013.

Cependant, pour détourner l’attention de l’opinion nationale et internationale au sujet du récent regroupement des grands chefs séléka à Kaga-Bandoro et Sido, le Porte-parole de l’UPC d’Ali Darrass avait déclaré que : « Cette rencontre consistait à faire la table rase du passé entre les branches dissidentes des ex-seleka et d’échanger sur le dialogue qui doit mettre au tour de la table, le gouvernement et les groupes armés »

Rappelons que c’est à l’initiative du Conseil national de défense et de sécurité (CNDS) dont le patron est Abdoulaye Hisseine que se sont rencontrés le 5 août dernier le FPRC, la branche de l’ex-seleka dirigée par Nourredine Adam, le MPC de Mahamat Al Khatim et l’UPC d’Ali Darass, qui affirme défendre les intérêts des éleveurs peuls. La rencontre s’est tenue au fief du MPC à Moyenne-Sido, dans le nord de la Centrafrique.

« Nous avons évacué toutes nos divergences et avons décidé de nous unir main dans la main pour lutter contre le banditisme dans la zone de la transhumance et dans toutes nos zones respectives », avait indiqué le communiqué final signé par ces trois groupes armés.

Ce même communiqué a annoncé également la mise en place d’une commission commune qui sera chargée de régler de manière pacifique tout différend entre ces groupes armés et une force mixte chargée de sécuriser les couloirs de transhumance entre les trois parties. Mais ce n’est pas la première fois que ces ex-Seleka se mettent ensemble au nom de la paix. Fin 2017 déjà, deux de ces groupes (FPRC et UPC) avaient signé un accord de cessez-le-feu qui n’avait jamais abouti.

Toutefois, il faudrait rappeler que, contrairement à la précédente rencontre des factions séléka dans la ville de Kaga-Bandoro au mois d’avril dernier 2018, où l’objectif était de prendre une décision commune pour marcher sur Bangui, et qui s’ était soldée par un échec à cause de profondes divergences entre les leaders séléka sur cette initiative de l’assoiffé du pouvoir Abdoulaye Hissen qui tient coûte que coûte retrouver les bureaux climatisés de Bangui comme en 2013, tout laisse croire que ces seigneurs de guerre ont cette fois-ci, changé de stratégie et c’est ce qui s’explique par leurs multiples déplacements dans certaines localités de l’intérieur du pays.

L’on apprend que ces leaders séléka notamment Abdoulaye Hissen, Al khatim, Darrass qui viennent de passer ces deux derniers mois ensemble marqués par des mouvements entre Kaga-Bandoro, kabo,  Moyen Sido et Batangafo se sont dispersés ces derniers jours à différents endroits avec leurs éléments. Ainsi, Abdoulaye Hissen est reparti dans son fief de Ndélé, Darrass est sur la route à destination de la ville diamantifère Ouadda où, il entend implanter son nouveau QG et Al khatim s’est installé à Kabo. Et c’est dans la perspective du contrôle par ce dernier de l’ensemble des régions de l’Ouham et l’Ouham Pende que ces éléments se sont affrontés violemment en début de la semaine en cours, avec ceux de Baha à Markounda.

L’on se demande où est passé les engagements pris par récemment à Khartoum au Soudan par ces groupes armés notamment séléka qui ont juré taire définitivement leurs divergences internes et veiller à la libre circulation des personnes et des biens ? Aussi, où est passé l’engagement de ces groupes armés par rapport au programme de Désarmement, Démobilisation Réinsertion et Rapatriement (DDRR) où leurs représentants siègent au Comité consultatif de suivi.

Une autre interrogation concerne l’issue de l’initiative de paix conduite par les Facilitateurs de l’Union africaine qui ont déjà recueilli les recommandations de ces groupes armés et les ont acheminé au Chef de l’Etat dans la perspective du prochain dialogue inter centrafricain considéré comme ultime voie de sortie de crise.

Il est temps de prendre très au sérieux les agitations de ces factions séléka qui se déplacent avec des véhicules et des hommes lourdement armés au vu et au su des éléments de tout le monde sans être inquiétés car, il ne fait aucun doute que ces grands criminels et hors la loi ne sont pas prêts à entendre la voix de la raison par le dialogue.

L’ultime solution est celle qui revient au Gouvernement d’accélérer le processus de reploiement des Forces armées centrafricaines (FACA) pour faire asseoir la paix et la sécurité dans les localités qui subissent encore le règne des groupes armés come c’est le cas pour Paoua, Sibut, Dékoa et Bangassou où la présence des FACA a eu des effets très positifs à la satisfaction des populations desdites localités.

Herman THEMONA

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