Bangui, le 24 juil. 18
C’est hier lundi 23 Juillet 2018, qu’a débuté à Bangui la deuxième semaine de la session criminelle au palais de justice. Une remise en marche de l’appareil judiciaire dans le pays qui est toujours en proie aux violences après la récurrente crise militaro-politique.
Le moins que l’on puisse dire est que, la session criminelle a statué sur des cas de droit commun, mais elle porte aussi sur des cas symbolique. L’on se souviendra que lors de la session de janvier 2018, elle s’était longuement statué sur le dossier du chef de milice anti-balaka Rodrigue NGAIBONA alias ANDJILO, qui a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Aujourd’hui, si tout rentre en ordre, la chose sérieuse va certainement commencer avec le jugement d’un autre cas emblématique qui va être devant les juges de cette session criminelle autrement dit celui qui concerne le chef de guerre ABDOULAYE HISSEN. Mais il ne sera pas dans le box des accusés.
La particularité de ce procès est que c’est par contumace qu’ABDOULAYE HISSEN sera jugé. Il faudrait préciser qu’ABDOULAYE HISSEN est l’un des leaders du groupe armé FPRC et se trouve actuellement dans le nord-est de la RCA, région qu’il contrôle quasiment la totalité avec ses hommes armés. Arrêté le 15 mars 2016, il s’est évadé de manière spectaculaire seulement quelques heures plus tard de son lieu de détention.
Soulignons au passage, que les faits qui sont reprochés par la justice centrafricaine au présumé ABDOULAYE HISSEN sont d’ordres d’association de malfaiteurs d’atteinte à la sûreté de l’Etat, détention illégale d’armes ou de munitions de guerre, destruction d’édifices publics, rébellion armée.
Toutefois, ll convient de signaler qu’ABDOULAYE HISSEN est depuis belle lurette sous sanction des Nations-Unies pour avoir notamment « orchestré des violences dans le quartier KM5 de Bangui qui ont fait 5 morts et 20 blessés graves ». Et depuis fin 2015 ABDOULAYE HISSEN a fait aussi l’objet de sanction de la part des pays amis de la République Centrafricaine qui sont les Etats-Unis et le Tchad.
Pour plusieurs Observateurs de la vie politique, ce procès est vu de manière positive, mais également beaucoup craignent que des auteurs des viols, des crimes et des exactions restent impunis sur le territoire national. Pour cela, des efforts doivent être consentis afin d’éradiquer les cas d’impunités qui sont encore légions dans le pays.
Sur place les associations de défense des droits de l’homme se veulent rassurantes. Et d’autres proches du dossier estiment que ce procès devant la justice ordinaire est une première étape et que la nouvelle juridiction de la Cour Pénale Spéciale (CPS) ou la Cour Pénale Internationale (CPI) pourront à leur tour s’emparer du dossier ABDOULAYE HISSEN. Pour l’heure, l’étau se resserre de plus en plus autour de l’inculpé et que la manifestation de la vérité autour des infractions qui lui sont reprochées n’est que question d’heures.
Jacques KOSSINGOU,
