CENTRAFRIQUE : DISCOURS DE SON EXCELLENCE M. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT, PRESIDENT DU COMITE STRATEGIQUE DDRR/RSS/

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Bangui, le 06 février 18

A l’occasion de la cérémonie de sortie des éléments des Groupes Armés formés par l’EUTM dans le cadre du DDRR Pilote.

Bangui, le 05 Février 2018

Mesdames et Messieurs ;

Le 30 août 2017, je lançais officiellement les opérations Pilote de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement.

Sur la base des critères retenus en commun accord avec les partenaires dont l’EUTM, 480 éléments étaient sélectionnés dont la moitié devrait faire partie du groupe retenu pour bénéficier d’une formation militaire en vue de leur intégration dans les Forces Armées Centrafricaines.

Après quatre mois de formation, nous voici aux termes de ce programme en ce qui concerne la première vague.

C’est la raison pour laquelle j’exprime déjà un grand plaisir à relever ainsi le défi lancé de voir des éléments des différents groupes armés ayant accepté d’adhérer au programme DDRR bénéficier d’une formation de grande qualité parvenir à la fin de leur formation.

Je mesure donc à sa juste valeur l’attention que tout le pays porte à cet évènement après la brillante prestation de ces jeunes recrues lors du défilé du 1er décembre 2017.

La présence des plus hautes autorités de l’Etat, des représentants des partenaires de la Communauté Internationale ainsi que celle des responsables des Forces de Défense et de Sécurité confirme la dimension du symbolisme de cet évènement.

Pour rappel, j’ai défini le cadre de travail à réaliser en tenant compte des attentes de notre population ainsi que de la Communauté Internationale qui nous appuie.

Pour mieux aborder ce gigantesque chantier du DDRR dans notre pays, la stratégie adoptée a consisté de commencer par un projet Pilote.

Pourquoi un projet Pilote ?

Comme vous le savez, depuis presque trois décennies, de nombreuses crises à caractère militaro-politique, particulièrement celle de 2013, ont ébranlé notre pays.
Ces crises ont engendré une insécurité généralisée sur l’ensemble du territoire. Elles ont fragilisé toutes les Institutions Républicaines, particulièrement le Secteur de la Sécurité et la cohésion sociale facilitant ainsi la circulation illicite et la prolifération des armes légères de tout calibre, l’infiltration des mercenaires de diverses nationalités.

Pour protéger la population et assurer la stabilisation du pays, la Communauté Internationale à fait intervenir des Forces Etrangères de l’Afrique puis celle sous mandat des Nations-Unies.

Il faut également noter que face aux violences armées durant ces crises, plusieurs stratégies de désarmement ont été initiées en 2003, 2008 et après 2013 mais sans réel succès.

Dès mon accession à la magistrature suprême du pays, j’ai fait du rétablissement de la sécurité, de la paix et de la réconciliation nationale la priorité des priorités pour la reconstruction et la relance économique et sociale durable du pays.

Pour atteindre ces objectifs, j’ai décidé de prendre en main la conduite du Programme National de Désarmement, de Démobilisation, de la Réintégration, du Rapatriement, la Réforme du Secteur de Sécurité et la Réconciliation Nationale, le tout placé sous la coordination d’un Conseiller Spécial Coordonnateur à la Présidence de la République.

Le projet pilote avait pour but de corriger les faiblesses avant le démarrage du grand programme. C’est cette dynamique qui a guidé ma vision.

Et comme vous l’avez suivi dans l’allocution du Général Commandant l’EUTM, 240 éléments sont programmés pour recevoir une formation de qualité correspondant au standard militaire.
Nous célébrons aujourd’hui la sortie d’un premier groupe de 101 éléments bien formés qui vont désormais se joindre à nos vaillants soldats pour protéger le peuple centrafricain.

139 autres sont identifiés, cantonnés pour la majorité et vont dans les prochains jours entrés en formation pour le même objectif.

Notons aussi que 240 autres éléments sont orientés vers un programme de réintégration socioéconomique et recevront ces jours–ci une formation professionnelle et un accompagnement spécialisé dans des activités génératrices de revenus, conformément à leur choix et validé par un entretien individuel.

Pour ceux-là aussi, il a déjà été identifié et retenu avec le concours des partenaires dont la Banque Mondiale, des Agences spécialisées et expérimentées dans la formation et l’accompagnement à la réintégration sociale.

Mesdames, Messieurs,

Pour que le travail de stabilisation et de relance économique connaisse un réel succès, il faut l’implication de tous et une dose de patience et de bonne volonté.

C’est dans cette perspective qu’en même temps que nous travaillons sur le désarmement, il est important de faire avancer les réformes nécessaires pour renforcer le système de Sécurité desquelles quatre grands axes d’interventions prioritaires sont fixées à savoir :

  • Adapter la structure et l’organisation des Forces de Défense et de Sécurité pour une meilleure gestion du secteur et le renforcement d’une chaîne de commandement organique et fonctionnelle ;
  • Mettre en place la nouvelle vision qui est celle de passer d’une armée de projection, à une armée de garnison et lutter contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC) ;
  • Elaborer une stratégie qui tienne compte de nouvelles menaces contre notre pays ;
  • Enfin, faire l’effort de mobilisation de ressources nécessaires pour améliorer le bon fonctionnement de nos Forces de Défense et de Sécurité.

A cette tâche et selon les comptes rendus qui me sont parvenus, les différents responsables des services de sécurité, sous la conduite de leur chef de département et l’appui de nos partenaires bi et multilatéraux, s’y attèlent jour et nuit pour des résultats probants qui amélioreront l’environnement sécuritaire garant de la paix et de la cohésion sociale sur toute l’étendue du territoire.

Mon Général Commandant l’EUTM,

J’éprouve une émotion sincère à la suite des paroles que vous venez de prononcer à cette occasion et permettez-moi d’adresser à l’EUTM tous mes remerciements et l’assurance que je garderai longtemps le souvenir de cet engagement aux côtés du Gouvernement et du peuple centrafricains.

Ces remerciements vont également à l’endroit de chacun des membres de votre équipe ainsi que celui de tous les formateurs nationaux qui ont contribué efficacement à la réussite de cette première vague de formation.

A vous, jeunes soldats, dans quelques heures, vous aurez pris rang dans les Forces Armées Centrafricaines pour défendre votre pays avec toute l’énergie de dignes fils du pays.

Souvenez-vous qu’en optant pour les Forces Armées Centrafricaines, vous prenez l’engagement de vous consacrer à ce devoir et que vous accomplirez votre mission dans la discipline avec dévouement patriotique, fierté et courage.
Avant vous, plusieurs de vos amis, de vos parents, l’ont fait jusqu’au sacrifice de leur vie et le pays leur en est éternellement reconnaissant.

Vous n’appartenez plus aux groupes armés. Vous n’appartenez plus aux groupes politico-militaires.

Vous n’êtes plus les bourreaux du peuple, des auxiliaires du désordre, de la violence illégitime.

Montrez au Peuple centrafricain que désormais, vous êtes les garants de sa sécurité, de la protection et de la défense du territoire contre des mercenaires étrangers qui écument nos villes et villages et pillent nos ressources.

Montrez au Peuple centrafricain que vous êtes des soldats bien formés, disciplinés, respectueux des droits de l’homme et du Droit international humanitaire.

Vous êtes dorénavant des soldats de l’Armée Nationale.

A la lumière du programme de votre formation et de la qualité des formateurs, je suis persuadé que vous êtes prêts désormais à répondre présent pour la défense de notre chère patrie, la République Centrafricaine.

A tous les responsables des groupes armés qui hésitent encore de s’engager dans le processus DDRR, les preuves concrètes sont maintenant visibles qu’un programme national de DDRR est possible pour ouvrir la voie à une paix durable et à la valorisation de tous les éléments qui hier étaient encore appelés membres des groupes armés.

Sur ce, jeunes soldats, mon dernier mot en tant que Chef suprême des Armées et Père de la Nation est de vous dire que nous n’avons qu’une seule Nation, la République Centrafricaine.

Unissons-nous pour construire ensemble ce beau pays que Dieu nous a donné.

VIVE LA REPUBLIQUE.

 

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